Nicolas Beaujouan

Une place importante, au même titre que la littérature, le jeu ou les séries TV. Une grande partie des mes références culturelles et de mes icônes sont issues du cinéma, mais malgré cela je n’ai pas de rapport intime avec les salles de cinéma. Je m’y rends une fois par an pour moi et plus régulièrement pour mes enfants, mais je n’y ai amais vu un lieu adéquat pour découvrir un film. La question se pose plus pour un film que je connais déjà bien et que j’aurais envie de voir dans une autre condition.

J’aime regarder les films des dizaines de fois chez moi, c’est comme cela que je rentre véritablement dans une œuvre, comme cela que je pratique ma cinéphilie – un héritage du vidéo club sans doute : il fallait regarder un maximum de fois un film avant de le rendre ! Étant aussi adepte du visionnage rituel, je regarde certains films une fois par an, comme la saga Die Hard, GroundHog Day ou Forgetting Sarah Marshall que je réserve à la veille de mes vacances d’été, il y a un côté réconfortant à cela,je le conseille !

Quand un réalisateur ou une œuvre me fascine, j’aime remonter le fil d’Ariane jusqu’aux origines d’un genre, aller fouiller dans l’entourage, les comédiens, etc. Ce fut le cas avec Judd Apatow. Approcher son œuvre, c’était mettre en route une machine d’une trentaine de films, autant d’acteurs et de séries. Une véritable bouffée d’oxygène.

Si je fais abstraction de mes affiches du Secret de la Pyramide enfant, je crois que celles dont je peux dire qu’elles marquent le début de mes fan posters fut la série Star Trek de l’exposition Geek-Art au dernier bar cette année. Après la sortie de mon premier livre Geek, la revanche comme auteur chez Robert Laffont, où j’avais aussi réalisé la mise en page et les illustrations, j’avais une véritable envie de passer le cap et de produire mes versions d’affiches de films. La rencontre avec Thomas Olivri, le curateur de Geek-art.net à été décisive, il m’a fait confiance et j’ai donc réalisé un triptyque Star Trek dont je suis extrêmement fier (Space Seed, Wrath of Khan, Into Darkness). Après cela, je me suis lancé le défi de designer la totalité des films d’Apatow et de ses productions. Cela m’a permis de réaliser à quel point ces films sont importants pour moi. Je crois que je vais essayer d’approfondir l’expérience en écrivant dessus, d’ailleurs… Parallèlement, je travaille depuis six mois sur mon prochain gros projet, qui devrait voir le jour à la rentrée prochaine : il comprend une illustration sur John Hughes, qui me hante depuis longtemps.

C’est la pochette du single que j’avais réalisée sur demande de sa maison de disques en France, PIAS. Elle est surtout un travail de commande, mais j’avoue que j’étais heureux d’avoir touché, même de loin, à l’univers du monsieur. Je suis fasciné par Twin Peaks : Fire Walk With Me. J’aime particulièrement ses derniers films, qui se rapprochent pour moi de l’art brut, en ce sens que ce sont des propositions sur lesquelles nous pouvons projeter nos désirs. C’est quelque chose que j’apprécie beaucoup. La première partie de son travail est intéressante aussi, il a tout de même offert une magnifique incarnation au Kwisatz Haderach du Dune de Frank Herbert.