Très peu de distance sépare l’univers intime de Maxim Dalton et celui de Wes Anderson. Même goût pour la fantaisie et le détail, même humour mélancolico-absurde. Cet illustrateur résidant à Buenos Aires a collaboré au récent ouvrage consacré au cinéaste américain, The Wes Anderson Collection de Matt Zoller Seitz, paru chez Abrams.
Le premier film que j’ai vu de lui, c’était La Famille Tenenbaum, qui m’a tout de suite plu. La composition des images, la narration, la personnalité unique et emblématique de chaque protagoniste, m’ont fait me sentir proche de lui. À ce moment-là, j’ai senti que nous parlions le même langage et qu’il s’adressait directement à moi. Cela ne m’était pas arrivé depuis Stanley Kubrick. Pour les illustrations qui s’appuient sur les films de Wes Anderson, tout d’abord pour l’exposition Bad Dad à la Galerie Spoke Art de San Francisco, puis pour l’ouvrage The Wes Anderson Collection, je me suis inspiré du point de vue qui se dégage d’une maison de poupée, une image miniaturisée très pertinente, qu’il utilise très souvent dans ses films. Le caractère singulier de chaque personnage m’a beaucoup aidé pour créer des compositions graphiques qui conviennent et me permettent d’établir un bon inventaire de ceux-ci, les inventaires étant l’une de mes obsessions.
Il a été impliqué dans la réalisation de ce livre, mais je n’ai reçu ses corrections ou suggestions que par l’intermédiaire de l’éditeur ou bien de certains de ses employés. Plus tard, j’ai fini par faire quelques dessins pour Moonrise Kingdom que je lui ai directement adressés.
J’ai toujours été très proche du cinéma. Pas seulement comme spectateur, mais aussi dans ma manière de l’étudier comme autodidacte. J’ai fait quelques films quand j’étais jeune et réalisé un spectacle télévisé pour enfants. Pendant de nombreuses années, j’ai vécu à Paris avec l’intention d’entrer à la Sorbonne et de faire une carrière comme réalisateur, mais on m’a rejeté. J’ai donc décidé de consacrer mon temps à écrire des scénarios, contacter des acteurs, des metteurs en scène et des producteurs, tout en en apprenant le plus de choses possible sur le cinéma à ma façon. Il n’y a pas de meilleur endroit que Paris pour apprendre le cinéma selon moi. Finalement, j’ai tout envoyé promener, car je ne supportais plus la manière dont les films sont faits et je me sentais très frustré sur plusieurs plans. Je pense que je reviendrai au cinéma quand j’aurai trouvé le moyen de ne dépendre de personne, ce qui est mon plus grand souci. Je ne rencontre pas ce problème dans le domaine de l’illustration. Je pense que tous ces types à l’université savaient bien ce qu’ils faisaient quand ils m’ont fermé leur portes en me disant : « On ne vous veut pas, vous, l’illustrateur ! ».