Quelques semaines avant Gérardmer, un jeune festival parisien ouvre la saison hivernale des festivals de film fantastique et d’horreur : le PIFFF. Acronyme in english please de Paris International Fantastic Film Festival (quand même plus prononçable que Festival International du Film Fantastique de Paris, « FIFFP »), le PIFFF se revendique dans son édito comme un festival « militant », promettant « de [nous] faire vivre de traumatisantes expériences, de bousculer [notre] vision et de changer peut-être [notre] vie ». Voilà qui promet.
Car comme beaucoup de festival de films fantastiques, le PIFFF est né d’une ambition presque politique : donner au cinéma de genre l’aura qu’il lui manquait. Mettre dans la lumière, anoblir presque, une culture pendant longtemps méprisée. Né sur les ruines du Festival international du film fantastique et de science-fiction de Paris – manifestation culte des années 1970 et 1980 – le PIFFF reprend ce combat – aujourd’hui largement gagné.
Mais si la légitimité du cinéma de genre dans le panthéon de l’histoire du Septième Art ne se discute plus, ou presque, ce n’est pas une raison pour bouder ce festival, bien au contraire. Si les aficionados ont pu déjà voir certains films au FEFFS de Strasbourg, au NIFFF de Neuchâtel ou au Festival Fantasia de Montréal, les autres vont pouvoir découvrir la crème de la crème du cinéma fantastique exigeant. Dans cette cuvée 2016, citons notamment Grave de la française Julia Ducournau ou I Am Not a Serial Killer de l’irlandais Billy O’Brien, qui ont déjà beaucoup tourné en festival, et qu’il faut absolument aller voir si ce n’est pas déjà fait. Le PIFFF a aussi le droit à ses exclusivités, avec par exemple la première française de Safe Neighborhood, thriller australo-américain présenté comme un croisement de Scream et de Maman j’ai raté l’avion ; ou encore The Priest, une sorte de remake coréen de L’Exorciste. Si vous aviez toujours rêvé de connaître la vie de curés qui combattent le Mal en Corée du Sud, ce film devrait être pour vous.
Comme tout festival de film fantastique qui se respecte, le PIFFF propose plusieurs sélections : une compétition internationale ; des présentations hors-compétition ; des « séances cultes » de classiques du genre (et notamment Opéra en présence de Dario Argento ou Hardware présenté par son réalisateur Richard Stanley) ; deux programmes de courts-métrages (compétition française et internationale) ; ainsi qu’une séance midnight movie (la « séance interdite », avec cette année 31, le dernier Rob Zombie) et une séance jeunesse (La Fiancée de Frankenstein). Sans oublier bien sûr, classique des classiques du festival de film fantastique, un nuit 100% films de série B., avec pour cette édition un thème « morts-vivants », avec (notamment) le chef d’œuvre Zombie de Romero et le moins chef d’œuvre Messiah of Evil de William Huyck.
Le « genre » étant très varié, le festival offre beaucoup de promesses fantastiques en perspective, du film Z complétement barré (The Greasy Strangler) à la fable de science-fiction métaphorique (Realive). Enfin, à quelques mois de la sortie très attendue de la nouvelle saison de Twin Peaks, le festival rend hommage à David Lynch, avec la projection du film Twin Peaks Fire Walk With Me et du documentaire David Lynch : the Art Life, consacré aux jeunes années de l’artiste touche-à-tout.
En bref, quoi faire de mieux en hiver sinon de se réchauffer au Max Linder Panorama devant un bon vieux film fantastique ?