La spécificité du Festival du Film de Sarlat reste, au fil des ans, la présence unique et en nombre des lycéennes et lycéens option cinéma. Un attachement viscéral de la manifestation et de son conseil d’administration. Cette année encore, la part belle est faite à la cinéphilie juvénile, avec un programme très riche qui leur est dédié.
Des chiffres tout d’abord. Six cents élèves de première et de terminale ont débarqué dans la cité périgourdine, totalisant vingt-sept classes sur les (environ) cent cinquante classes option cinéma de tout le territoire français. Cet océan de jeunesse vient des quatre coins de l’Hexagone, mais aussi de Sainte-Clotilde à la Réunion et d’Ottawa au Canada.
Tout ce petit monde est présent dans le cadre de l’enseignement de ladite option, pour y recevoir une véritable formation spécifique, durant quatre jours, de neuf heures du matin aux séances de vingt-deux heures. Des festivités en forme de séminaire intensif. Mais où le plaisir est toujours de la partie. Les responsables du programme lycéen Annick Sanson et Rafael Maestro, également membres du conseil d’administration de l’association du Festival, encadrent l’événement avec engagement. Ils associent leurs compétences et leur expertise : elle en tant qu’ex-enseignante en cinéma du lycée sarladais Pré de Cordy, lui en tant qu’exploitant et directeur au sein du réseau Ciné Passion en Dordogne.
Le résultat est à la hauteur des attentes. Les élèves ont droit à de nombreuses projections. Un panaché de films toutes sections confondues, longs et courts-métrages, avec l’accent mis évidemment sur leur programmation éducative. Ainsi, la nouvelle des trois œuvres au menu de l’option cinéma pour le bac 2023 est la pierre angulaire à Sarlat. Il s’agit de I Vitelloni de Federico Fellini, après Le Secret derrière la porte (Secret Beyond the Door) de Fritz Lang l’an dernier. Ce dernier est toujours au programme du diplôme, avec également Ready Player One de Steven Spielberg.
Projection spéciale du Fellini donc ce mercredi matin, avec une salle comble au Centre culturel pour visionner la copie restaurée en 2019. La spécialiste du cinéma italien Marie-Pierre Lafargue est intervenue en guise de fructueuse présentation, tout comme elle accompagne chacun des trois autres films felliniens, qu’elle a choisis avec le comité d’organisation (La dolce vita, 8 ½, Fellini Roma). Sa conférence de jeudi après-midi sera filmée et utilisée ensuite comme outil pédagogique, pour tout le réseau de l’éducation nationale consacré à l’option cinéma.
Les adolescentes et adolescents ont aussi d’autres réjouissances à se mettre sous la dent. Chaque élève a pu s’inscrire en « Atelier du savoir » (au choix : filmer au portable, le son, profession cheffe-costumière, la critique sur les réseaux sociaux, l’image ou le jeu vidéo), pour assister à une rencontre avec des spécialistes, ou en « Petites séquences », pour réaliser dans Sarlat des scènes de trois minutes, d’après un scénario de dix minutes écrit par le scénariste, réalisateur et ex-étudiant de la Fémis Maxime Taris, et inspiré des Roseaux sauvages d’André Téchiné. Tournées puis montées sur place, avec l’encadrement de cinéastes pros, dont Jérôme Enrico et Guila Braoudé, les séquences seront projetées en clôture des rencontres.
Par ailleurs, un jury de trois professionnels remettra ses prix aux meilleurs films lycéens option cinéma des bacheliers de l’an dernier, parmi une pré-sélection de dix œuvres. Enfin, sept élèves de cette édition constituent le Jury Jeune, qui décernera parmi les prétendants de la sélection officielle le Prix Jury Jeune du meilleur film, ainsi que les Prix d’interprétation féminine et masculine. Quant aux élèves dans leur totalité, une autre récompense par vote leur est réservée : le Prix des lycéens, décerné au meilleur film. Un séjour copieux !
Olivier Pélisson