Festival du Film de Sarlat 2024

Jour#1 : vibrations de la jeunesse

Plus que jamais, la jeunesse mène la danse dans la cité cinéphile du Périgord noir. Le coup d’envoi de la 33e édition ne déroge pas à la règle de ce festival unique dans sa programmation dédiée aux lycéens, et pousse le curseur encore plus haut, avec un film emblème en rampe de lancement : Leurs enfants après eux.

Les six cents et quelques élèves en spécialité cinéma, originaires des quatre coins de l’Hexagone, d’Outre-mer et même d’Ottawa, ont chaudement accueilli le quatrième film long des frères jumeaux qui montent dans le septième art français Ludovic et Zoran Boukherma, avant que le reste des festivaliers ne le découvre dans les trois salles dédiées du cinéma Le Rex, après la cérémonie d’ouverture. L’adaptation pour le grand écran du Prix Goncourt 2018, né de la plume de Nicolas Mathieu, donne le ton, la note, l’ambiance. Le festival cuvée 2024 sera jeune et le restera. Du déterminisme social aux premiers bouleversements amoureux, de l’affrontement viscéral à la découverte de la transmission familiale, de la moto à la teuf, de tube en tube musical des années 1990, Leurs enfants après eux remue la toile comme les regards. Une vivacité qui s’érige en étendard de la première journée.

Un mardi mené aussi par la juvénilité de la silhouette d’Irma Vep, héroïne titre du film d’Olivier Assayas, mais aussi de sa série éponyme, que les fameux lycéennes et lycéens découvraient sur grand écran en soirée. Un corps revêtu de cette combinaison noire iconique, que le festival s’amuse à distiller tel un fil rouge, sur l’affiche même de la manifestation, où la donzelle arpente les toits sarladais en ombres chinoises, jusqu’aux pastilles vidéo sur Instagram, avec une Irma colleuse d’affiches, efficace en diable…sse ! La jeunesse se glisse où elle veut, comme dans les premiers longs-métrages égrenés dans la journée, de Diamant brut d’Agathe Riedinger à Un monde merveilleux de Giulio Callegari, d’Hiver à Sokcho de Koya Kamura au Village aux portes du paradis de Mo Harawe. Miroir du monde moderne en région Paca ou rencontre déterminante en Corée du Sud, bromance improbable entre une femme et un robot ou trajets de vie bouleversants en Somalie. Les choix sont multiples, les élans de la création palpitent.

Plus chaudes qu’à l’accoutumée – doit-on s’en réjouir ? -, les températures extérieures apportent de la douceur à toutes ces fenêtres ouvertes sur le monde, qui n’en donnent pas que de bonnes nouvelles. Mais l’énergie détonne, irrigue, nourrit. Comme l’ont dit les frères Boukherma en préambule à la projection de leur nouvel opus, leur moteur créatif reste de faire des films « sur les gens, pour les gens ». Le lien social et humaniste qu’ils ont tissé avec le roman inspirateur est fécond. C’est par leur geste cinématographique décalé – revoir leurs trois premiers phénomènes Willy Ier, Teddy et L’Année du requin – qu’ils ont attrapé le fil du romanesque, et qu’ils ont injecté du western, du film de mafia et du teen movie si années 1980 (The Outsiders, Stand By Me…) dans le Grand Est de leur récit. Le festival a le vent en poupe, rendez-vous demain pour la suite des aventures périgourdines.