Festival de Marrakech 2024

Djanis Bouzyani, réalisateur en herbe

C’est dans le cadre des Ateliers de l’Atlas, en parallèle aux projections et aux rencontres du Festival de Marrakech, que l’acteur Djanis Bouzyani a présenté son projet de réalisation de long-métrage documentaire, sur la joueuse de tennis Aravane Rezaï et son père.

Le 21e Festival du Film International de Marrakech a accueilli en marge de ses projections la 7e édition des Ateliers de l’Atlas, avec comme parrain le réalisateur états-unien Jeff Nichols. Lancé en 2018, ce programme dédié à l’industrie du cinéma développe des projets de longs-métrages, et accompagne une nouvelle génération de cinéastes du Maroc, des pays arabes et du continent africain. Les six éditions passées ont accueilli 132 projets et films, dont 43 du Maroc, parmi lesquels Plumes d’Omar El Zohairy, Les Meutesde Kamal Lazraq, La Mère de tous les mensonges d’Asmae El Moudir, Reines de Yasmine Benkiran, Inchallah un fils d’Amjad Al Rasheed ou Bye Bye Tibériade de Lina Soualem.

Le Festival de Marrakech 2024 a projeté 12 œuvres, dont 3 marocaines, issues des précédents Ateliers, dont Le Village aux portes du paradis de Mo Harawe, La Mer au loin de Saïd Hamich et Les Filles du Nil de Nada Riyadh et Ayman El Amir, révélées en mai sur la Croisette, mais aussi Cabo Negro d’Abdellah Taïa, Diaries from Lebanon de Myriam El Hajj, Rising Up at Night de Nelson Makengo ou La Source de Meryam Joobeur.

Parmi les 27 films élus de la cuvée des Ateliers 2024, sur 320 candidatures, une poignée a été récompensée par plusieurs jurys, dont le premier long-métrage en postproduction du cinéaste égyptien Morad Mostafa (Aisha Can’t Fly Away), les projets de premiers longs sénégalais de Moly Kane (Ici repose) et Linda Lô (Lucky Girl), et le premier long de fiction signé par la Franco-algérienne Lina Soualem (Alicante), après ses documentaires Leur Algérie et Bye Bye Tibériade.

 

À balles perdues, mon âme retrouvée @ Agat Films - Ex Nihilo

La section Regards sur l’Atlas attirait l’attention sur cinq projets liés au Maroc. Parmi eux, le futur premier long-métrage de l’acteur franco-marocain Djanis Bouzyani. Remarqué sur grand écran en ami bienveillant, volubile et désopilant dans Tu mérites un amour de Hafsia Herzi, il souhaite mener à bien un documentaire intitulé À balles perdues, mon âme gagnée. C’est le portrait de la tenniswoman française Aravane Rézaï et de son père et coach né en Iran Arsalan. C’est l’histoire d’un binôme singulier, que le nouveau réalisateur interroge de l’intérieur, en les suivant au présent, entre leur quotidien à Saint-Étienne, leur thérapie commune à Paris, et des événements sportifs.

Djanis Bouzyani s’est reconnu dans le parcours de l’athlète âgée de trente-sept ans, qu’il suit depuis des années. Il a lui-même pratiqué un tennis intensif entre ses quatre et ses quatorze ans, mais a stoppé net au bout de dix années. La faute aux conflits familiaux et à la violence qui en résultait quand il y avait défaite, et à la pression financière pour maintenir l’équipement à niveau. Il adorait ce sport, quand Aravane ne l’a jamais aimé, mais elle a goûté à l’adrénaline du challenge. Elle y revient en retentant une percée à haut niveau, et à nouveau avec son paternel, alors que leurs frictions l’avaient menée à s’éloigner pour faire une pause. C’est ce retour qui a motivé le futur réalisateur – qui signa le court-métrage comique Burqarnaque en 2015 -, percevant des blessures et des souffrances qui se font écho chez ce père et cette fille réunis par le sport.

Il les suit donc depuis plusieurs semaines, pour ce qui devrait s’avérer un long processus de tournage, en fonctions des rendez-vous, des avancées et des opportunités. Il souhaite filmer à deux caméras, pour avoir une matière suffisante au montage, et ne pas rater des gestes et réactions qui pourront enrichir son documentaire. Cette aventure cinématographique, c’est pour lui avant tout une histoire d’amour, celle d’un amour familial qui a du mal à s’exprimer, mais qu’il veut accompagner et révéler.

Méticuleux et encouragé par ses proches, dont son amie désormais familière de la mise en scène Hafsia Herzi, Djanis Bouzyani a choisi comme producteur David Coujard d’Agat Films – Ex Nihilo (Sentinelle Sud de Mathieu Gérault, Amore mio de Guillaume Gouix, série télé Toutouyoutou). Il s’est aussi entouré des directrices de la photographie Frida Marzouk (Bye Bye Tibériade) et Maëva Vo Dinh (divers films courts), et du monteur Nicolas Desmaison (Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin, Petite Nature de Samuel Theis).

À Marrakech, il a pu montrer une minute de montage parmi ses premières images accumulées, qui, il l’espère, portera ses fruits. En quête de coproduction, il a dialogué avec de nombreux interlocuteurs au cœur des Ateliers accueillis au Beldi Country Club, à quelques kilomètres du centre de Marrakech. Il attend également diverses réponses de fonds et supports en région (Rhône-Alpes), et devrait solliciter d’autres guichets financiers (Red Sea Film Fest). Avec, peut-être, une sélection l’an prochain dans la catégorie des films en postproduction des Ateliers de l’Atlas 2025. À suivre !

Olivier Pélisson