Deauville 2018

Amérique Indépendante

Impressions sur Deauville 2018, beau jury, bon cru et ambiance cinéphile…

 

Thunder Road a donc remporté la plus haute récompense à Deauville, festival vivant, vivifiant. Soixante films à l’affiche, avec des documentaires passionnants, dont un portrait intime de Robert Mitchum par Bruce Weber, avec aussi des avant-premières de prestige, dont celle des Frères Sisters (Lion d’argent à Venise quelques jours plus tard). Assis pendant sa conférence de presse aux côtés d’un Joaquin Phoenix spectral se préparant à devenir le maléfique Joker dans le prochain Batman, Jacques Audiard répondit avec flegme à la question : « Est-ce une envie d’Amérique qui vous a fait choisir un western ou est-ce une envie de western qui vous a fait choisir l’Amérique ? » : « J’avais envie de tourner à la campagne. »…

Neuf premiers films sur quatorze dans la compétition et six films de femmes, pourquoi ne pas s’en réjouir ? Leur humeur était sombre et leurs auteurs inconnus. Et pourtant, à chaque projection la grande salle de 1400 places était quasiment pleine d’aficionados bienveillants. Lors de la cérémonie de clôture, ils ont fortement apprécié le choix du grand jury, où siégeaient en harmonie notamment Sandrine Kiberlain (présidente), Sabine Azéma, Stéphane Brizé et Alex Beaupain. Mais d’autres prix étaient distribués, parmi lesquels celui de la Critique, dont je présidais avec gourmandise le jury. Notre choix – lui aussi adoubé par le public – s’est porté sur le (premier) film d’un réalisateur d’origine mexicaine, Carlos Lopez Estrada, Blindspotting. Où un anti-héros de haut vol à dreadlocks tente de ne pas trébucher pendant les derniers jours de sa liberté conditionnelle. Un film où l’amitié est plus forte que tout, même la différence de couleur de peau ; où la violence est omniprésente, mais superbement réfutée ; où l’humour est un antidote puissant. Oui, nous étions contents de nous. Contents de tout.