Début février, huit jours durant, la ville de Clermont-Ferrand se transforme en une véritable messe du court-métrage.
Pour sa 46e édition, le festival de Clermont-Ferrand a dû faire face à une coupe drastique de sa subvention par la Région Auvergne-Rhônes-Alpes. Une véritable sanction pour le deuxième événement cinématographique français en termes de fréquentation (juste derrière le Festival de Cannes). Cela n’a pas empêché les salles d’être pleines grâce à une programmation réjouissante : une thématique “Insoumises”, un jury intégralement féminin, des concerts, tables rondes. Et, bien sûr, les trois sélections officielles : nationales, internationales et labo. Le public, harmonieusement hétérogène, mêle chaque année les habitants habitués du festival et les professionnels du secteur, tous âges confondus. Alors que le palmarès a été dévoilé, couronnant plus d’une dizaine de films des différentes sélections, retour sur quelques courts-métrages qui nous ont fait de l’œil et sont accessibles en ligne.
L’envoûtement de Nicolas Giuliani : une nouvelle éducatrice arrive dans une ferme qui emploie des personnes en situation de handicap. Bruno est immédiatement sous le charme et contrôle maladroitement son désir. Le réalisateur filme merveilleusement la nature, véritable refuge de son personnage. Il porte aussi une attention particulière aux gestes de ses comédiens déficients mentaux. Ici, le réconfort passe par le toucher. L’amour se sent jusqu’au bout des doigts avant de se déclamer à voix haute, dans une déclaration aussi simple que bouleversante.
https://www.arte.tv/fr/videos/109096-000-A/l-envoutement/
Petit Spartacus de Sara Genam : avant d’être le titre de ce premier court-métrage, Petit Spartacus est d’abord le nom d’un vélo, fidèle compagnon de la réalisatrice, qui se met en scène dans un road trip de la Bretagne jusqu’à la Grèce. Entre les différentes péripéties du trajet, le film laisse entrevoir un drame intime, caché derrière ces élans de liberté. Bricolé avec les moyens du bord, ce carnet de voyage convainc autant par son personnage touchant que par son humour mordant. https://www.canalplus.com/cinema/petit-spartacus/h/24110103_50001
Une orange de Jaffa de Mohammed Almughanni : Grand Prix de la section internationale, Une orange de Jaffa suit un personnage bloqué à un checkpoint, près de Jérusalem, aux côtés d’un chauffeur de taxi pressé. Les chances de retrouver sa fiancée de l’autre côté se réduisent à mesure que le temps passe. Loin des images terrifiantes récemment vues dans les journaux télévisés, le film dépeint une situation banale, mais tout aussi violente en Palestine : l’attente interminable et l’oppression quotidienne des soldats israéliens dans ces lieux où rien ne se passe jamais comme prévu.
https://www.arte.tv/fr/videos/104909-000-A/une-orange-de-jaffa/
Un genre de testament de Stephen Vuillemin : en voulant créer son site internet, une jeune femme découvre l’existence d’un mystérieux homonyme qui détourne les selfies qu’elle a postés précédemment pour en faire de petits films d’animation. Aussi morbides qu’improbables, ces images défilent pendant qu’une voix off nous raconte cette histoire rocambolesque. Un genre de testament est au croisement des formes, à la fois (faux ?) documentaire, film d’animation et essai sur les méandres d’Internet. https://www.canalplus.com/cinema/un-genre-de-testament/h/22489986_50001
Les Mystérieuses Aventures de Claude Conseil de Marie-Lola Terver et Paul Jousselin : un couple d’ornithologues vit dans une maison reculée et passe ses journées à enregistrer les chants des oiseaux. Ce quotidien paisible est brutalement interrompu lorsque le téléphone de Claude Conseil se met à sonner de manière incessante. Entre déclarations d’amour et insultes fleuries, le brouhaha urbain vient rompre la tranquillité du couple. Lauréat du Prix du Public dans la sélection nationale, le film met en opposition deux mondes diamétralement opposés pour offrir une rencontre musicale réjouissante.
https://www.france.tv/films/courts-metrages/5645988-les-mysterieuses-aventures-de-claude-conseil.html
La Saison Pourpre de Clémence Bouchereau : une communauté de jeunes filles vit en parfaite harmonie avec la nature. Leur démarche agile se reflète dans l’eau et leurs cheveux suivent les mouvements du vent dans un jeu d’apparition et d’effacement envoûtant, permis par une technique d’animation unique, inventée il y a presque cent ans, l’écran d’épingles. Dans un noir et blanc épuré, Clémence Bouchereau signe un conte sauvage et libre autour de l’enfance.
https://www.arte.tv/fr/videos/089018-000-A/la-saison-pourpre/
Le palmarès intégral est à retrouver sur le site du festival : https://www.shortfilmwire.com/fr/2024/palmares
Droits photographiques : détail de l’affiche DR.
