Dédié aux premiers long-métrages de réalisateurs, le Festival Premiers Plans d’Angers débute ce soir et se clôturera le dimanche 29 janvier. Une 29ème édition d’un festival marathon fort d’une programmation aussi riche en nouveautés qu’en rétrospectives.
Premiers Plans n’aura peut-être jamais aussi bien porté son nom. Ce vendredi, l’enthousiasmant festival d’Angers s’ouvre avec des premiers films, mais pas n’importe lesquels : ceux de l’histoire du cinéma. Pour le symbole, on ne pouvait rêver mieux en ouverture que Lumière : L’aventure commence, collection rassemblée et commentée par Thierry Frémaux des films des frères Lumière, inventeurs du Cinématographe, et d’une certaine manière, du cinéma et de l’art de réaliser.
Mais c’est d’autres frères cinéastes et metteurs en scènes de génie que le festival honore cette année : les Dardenne. Du méconnu Lorsque Léon M. descendit la Meuse pour la première fois, film en noir et blanc s’insérant dans le mouvement du documentaire de lutte des années 1970, au très récent La Fille Inconnue, en passant bien sûr par les Palmes d’Or Rosetta et L’Enfant, c’est une quasi monographie complète sur le duo de réalisateurs belges qui est proposée à Angers, complétée par la présence de leurs techniciens.
En regard de cette filmographie de cinéma social donnant à réfléchir sur la figure de l’opprimé, le Festival Premiers Plan propose une rétrospective consacrée aux représentations du pouvoir au cinéma. Pouvoir économique, politique, ou du plus fort. Du complet d’Olivier Gourmet dans L’Exercice de l’Etat à la soutane de Michel Piccoli dans Habemus Papam en passant par la chemise brune de Charlie Chaplin dans Le Dictateur, la sélection, présentée notamment par Costa-Gavras, donne l’occasion de réfléchir à la manière dont sont représentés les puissants et le pouvoir (symbolique ou réel) dans les films.
Une rétrospective qui fait également écho aux deux autres hommages rendus à des réalisateurs cette année, via une filmographie complète en leur présence : Andrea Arnold, et ses figures de rébellion dans Red Road, Fish Tank ou American Honey ; ainsi que Cristian Mungiu et ses représentations de l’oppression sociale, à travers notamment 4 mois, 3 semaines, 2 jours ou encore Baccalauréat.
Mais si Andrea Arnold, Cristian Mungiu ou encore les frères Dardenne sont un peu les parrains de cette édition, le Festival Premiers Plans d’Angers est d’abord un festival de découvertes. Certains premiers films français en compétition ont peut-être déjà fait parler d’eux (notamment Grave ou Patients), tandis que d’autres sont plus mystérieux, comme Depth Two et son synopsis laconique sur un sujet difficile mais important, la mémoire amnésique des crimes de la Guerre de Bosnie. Au total, huit long-métrages européens et cinq films français sont en compétition pour des prix remis à la fois par le public et par un jury présidé cette année par Lambert Wilson.
Fidèle à sa vocation d’accompagnateur du nouveau cinéma, le Festival Premiers Plans propose aussi de suivre l’évolution de réalisateurs découverts à Angers à travers sa programmation Plans Suivants ou encore de découvrir d’autres manières d’écrire le cinéma explorant de nouveaux formats tant esthétiques (avec la sélection Figures Libres) que techniques (sélection L’Aire Numérique). Et bien sûr, faire un film étant d’abord une histoire de rencontres, le festival propose de nombreuses tables rondes, conférences, lectures de scénario, ateliers et moments d’échanges interprofessionnels.
Et si certains trouvent tout cela trop sérieux, qu’ils se rassurent : le festival d’Angers est aussi l’occasion de (re)voir Hercule à la conquête de l’Atlantide ou Le Clan des Pourris entre quelques giallos ou autres westerns spaghettis signés Leone ou Corbucci. 21 films sont ainsi projetés dans le cadre la rétrospective l’Altro Cinema consacré au prolifique cinéma italien populaire et spectaculaire des années 1970. Autant dire qu’on va en passer du temps à voir des films, à parler cinéma. A s’enivrer de l’héritage du passé et à pressentir le cinéma de demain.
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