Festival : les Utopiales 2015

2014 fut pour moi une année faste dans le domaine des découvertes festivalières, puisque, outre l‘épatant déplacement au LUFF (Lausanne Underground Film Festival – voir BàP#23), je m’étais également aventurée pour la première fois aux Utopiales de Nantes, sur les bons conseils d’amis proches. N’étant pas spécialement amatrice de science-fiction, cet événement n’avait jusque-là jamais titillé mon attention, mais… coup de foudre immédiat ! Et c’est désormais un incontournable dans mon agenda. La preuve, j’y suis retournée cette année.

Le 09 Nov 2015 à 13:22

2015 = ”Réalité(s)”

À chaque nouvelle édition, ce festival pluridisciplinaire se choisit un thème développé de manière transversale et multiple pendant quatre jours. Les tables rondes et conférences, très suivies, s’enchaînent en divers points du Palais des Congrès qui accueille la manifestation : les intervenants (scientifiques, écrivains, auteurs de bandes dessinées, etc.) s’emparent une heure durant d’un sujet de discussion/réflexion, puis ils passent le relais aux suivants. Le maître mot du cru 2015 ? ”Réalité(s)”. Avec, parmi une centaine d’autres questions traitées : ”Interstellar est-il un film réaliste ?”, ”Les réalités augmentées : et s’il n’y avait plus de frontières entre réel et virtuel ?”, ”Quel impact le courant cyberpunk a-t-il eu sur la réalité des réseaux sociaux ?”, ”Science-fiction d’aujourd’hui, réalités de demain ?”.

Ce foisonnement se retrouve du côté du pôle ludique, où l’on teste toutes sortes de jeux pour petits et grands ; du côté de la librairie éphémère qui propose des milliers de références SF, une offre complétée par quelques bouquinistes ; du côté des expositions, Manchu bien sûr, auteur de l’affiche 2015, mais aussi les animaux du futur modélisés par un scientifique et un artiste ou la très belle installation d’hommes lumineux auxquels on peut glisser quelques mots à l’oreille et qui répondent par des récits d’immigrés… Notre cervelle est sollicitée de toutes parts !

Et forcément, jusque dans les trois salles accueillant les projections cinématographiques. Parmi les sept longs-métrages en compétition, les deux distingués respectivement par le public et le jury effectuent un beau grand écart : Moonwalkers d’Antoine Bardou-Jacquet et Évolution de la trop rare Lucile Hadzihalilovic sont aux antipodes l’un de l’autre, mais également réussis. Le premier s’amuse, avec une folle énergie communicative, de la rumeur selon laquelle Kubrick aurait filmé l’alunissage de 1969 ; le second, plus hermétique et étrange, voire inquiétant, se situe sur une île peuplée de femmes et de petits garçons auxquels il arrive des bricoles… Je valide ces choix  à 100 % ! (car je suis souple). Mais j’aimerais quand même ajouter une mention spéciale au dingo-chromo-mythologico-rigolo Baahubali : The Beginning de S.S. Rajamouli, absent du palmarès.

Sinon, trois coups de cœur-découvertes à signaler dans la section Rétrospective (en bonne cinévore, j’avais précédemment vu la majorité des autres films montrés, mais je salue au passage la qualité de la sélection). Equilibrium de Kurt Wimmer était ma toute première séance aux Utopiales 2015, et comme coup d’envoi, ça se pose là : un nanar de proportions galactiques, ambitieux, pompeusement sérieux – et donc très drôle -, génialement raté. J’en suis sortie les yeux en billes de loto et la mâchoire décrochée à force de rire. Pardon, cospectateurs silencieux, si je vous ai gâché un plaisir plus au premier degré ! Dans un autre genre, le lendemain, j’ai enfin pu apprécier sur grand écran – je me le réservais pour ce genre d’occasion – le beau Cri du sorcier de Jerzy Skolimwoski : folie et magie mystique au menu. Et puis mon préféré, à voir absolument à l’aulne des avancées actuelles en matière de casques VR (cf. notre dossier spécial dans ce numéro), Brainstorm, superbement mis en scène par Douglas Trumbull, collaborateur entre autres de Kubrick, on y revient, pour les effets spéciaux de 2001 : l’Odyssée de l’espace.