Il est arrivé avec trois quarts d’heure de retard à notre rendez-vous. Embarrassé, se confondant en excuses, cheveux en bataille et sourire charmant. Dans les couloirs sinueux qui mènent à sa loge, Edouard Baer presse le pas et salue au passage le personnel du Théâtre Marigny qu’il aura investi quatre mois durant pour son spectacle A la française. « Entrez, entrez, je vous en prie. C’est par ici, traversons la scène. Par là, sur votre gauche. Voulez-vous boire quelque chose ? ». Il a le verbe sautillant, le timbre cajoleur, l’élégance nonchalante et l’enthousiasme communicatif de ces grands enfants au trac dissimulé. Les lieux sont joyeux et sa loge, accueillante. Une lumière tamisée nimbe ce cabinet de curiosités éphémère où des univers diversement convoqués s’entrechoquent. Petite plongée en images, sons et phrases… inachevées.