Initié par la distributrice Sophie Dulac, le Champs Élysées Film Festival, festival parisien de films franco-américains ouvre ses portes au public du 15 au 22 juin, à l’occasion d’une sixième édition encore plus ambitieuse. Demandez le programme.
« Venez vivre un festival de cinéma à Paris ! ». Telle est l’exclamation – un peu provoc’ – qui sert de slogan au Champs Elysées Film Festival. Relativisons : il y en a quelques-uns, des festivals de films à Paris : le PIFFF pour les amateurs de cinéma fantastique, Paris Court Devant pour le court-métrage ou encore CINEMAAP, pour les aficionados de cinéma aborigène australien. Mais tout de même, il est difficile de donner tort à Sophie Dulac, la fondatrice du Champs Elysées Film Festival : il y a peu de festivals de cinéma à Paris qui ne soient pas « de niche ».
Car malgré son dénominatif « festival de cinéma franco-américain », il apparaît assez clair que le CEFF n’a pas de thématique particulière. Son enjeu est d’être un festival grand public et exigeant. Soit toucher le « cinéphile », au sens le plus large du terme. Si les modèles du CEFF – Deauville, Cannes – sont provinciaux, Paris peut sembler la ville idéale pour ce type de manifestation. Aucune ville au monde ne possède autant d’écrans de cinéma par habitant. Et puis, d’un point de vue logistique, c’est tout de même bien pratique pour s’assurer la présence de « stars ».
Car le CEFF est un festival qui veut faire plaisir à son public. Et pour ça, rien de mieux que de recycler la bonne vieille recette du cinéma : des bons films et du glamour. On y croisera notamment un improbable duo de présidents du jury : le réalisateur de Grease, Randal Kleiser et l’auteur goncourisé d’Au Revoir Là-Haut, Pierre Lemaître. L’immense réalisateur « indépendant » new-yorkais Jerry Schatzberg (Panique à Needle Park, L’Épouvantail) donnera masterclass. Les frères Larrieu présenteront quant à eux une grande partie de leur cinématographie, tandis que Claude Brasseur reviendra sur sa carrière, et que le jeune réalisateur américain Alex Ross Perry (Listen Up Phillip) partagera ses films préférés. Tout cela dans un joyeux bordel cinéphilique qui n’est pas sans rappeler le Festival Lumière de Lyon ou le Festival de Cannes. D’autant plus que les festivaliers sont invités à faire la fête tous les soirs, avec des concerts sur le très classieux rooftop du Publicis, à l’angle des Champs et de la Place de l’Étoile.
Pour ce qui est des films, le CEFF sait appâter le cinéphile. Dans cette programmation hétéroclite, une petite friandise ne passe pas inaperçue : la sélection des « (re)découvertes ». Des classiques du cinéma, mais dans des versions rares ou inconnues. Le Director’s Cut du Léon de Luc Besson, la « Version B. » de La Science des Rêves de Gondry, ou une version remontée par Saul Bass de son unique film en tant que réalisateur, Phase IV.
En ce qui concerne les compétitions — de films français et américains, composées chacune de six films —, on y verra notamment Bonheur Académie, le film sur les camps d’été de la secte Raëlienne ; la comédie romantique en autofiction d’Océanerosemarie et Cyprien Vial, Embrasse-moi ; ou encore un drame postapocalyptique français (!), Merrick, dont les premières images évoquent la douce époque de la science-fiction low-cost sur VHS. Côté américain, citons notamment California Dreams, un documentaire sur des jeunes qui fument des clopes en se rêvant stars hollywoodiennes dans de petites villes de Californie ; un film d’animation qu’on a envie de voir rien qu’à entendre son titre : My Entire High School Sinking Into The Sea ; ou encore un documentaire sur des souris et des hommes à Baltimore, Rat Film.
Sans oublier bien sûr, des séances spéciales (comme The Last Girl, grand prix du public à Gérardmer), des rétrospectives (avec un hommage à la Louisiane au cinéma, où l’on pourra notamment revoir Les Bêtes du Sud Sauvage, Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle Orléans, La Petite de Louis Malle, ou encore Un Tramway Nommé Désir). Enfin, comme tout festival « d’importance », le CEFF ouvre également ses portes à l’industrie, avec un cycle de conférences, un marché de la coproduction (coréalisé avec les équipes du Festival des Arcs), et un programme d’aide à la diffusion (vente et distribution) du cinéma américain « indépendant ». C’est certain, sur le papier, le Champs s Film Festival a de l’ambition, et s’affiche comme un (petit) « grand festival ». Et à vivre ? Réponse en ce moment, et jusqu’au 22 juin sur « la plus belle avenue du monde ».