Il y avait déjà des absents au départ (La Villa de Robert Guédiguian, Les Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin, Aurore de Blandine Lenoir), il y en a à l’arrivée parmi les présents dans les nominations (Grave de Julia Ducourneau, Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir). 120 Battements par minutes glane six trophées et Au revoir là-haut, cinq. La nouvelle règle voulant qu’une même œuvre ne puisse plus cumuler le César du meilleur réalisateur et celui du meilleur film a séparé en deux ces récompenses respectivement à Albert Dupontel et 120 Battements par minute. Pas de cumul, pas de jaloux, tout le monde est content. Tout le monde ?
Silence = mort
Sur plus de trois heures de cérémonie, menée avec sobriété par Manu Payet, il s’est dit des choses importantes sur les exclus, les drogués, les travailleurs du sexe, les migrants et sur les « non » qui ne veulent jamais dire « oui ». Le petit ruban blanc signalant le mouvement #maintenantonagit (www.fondationdesfemmes.org) trônait sur chaque revers, chaque corsage. Et le slogan d’Act Up « Silence = mort » est venu rappeler à plusieurs reprises, comme l’a dit l’imposant Arnaud Rebotini, récompensé pour sa belle musique et après avoir séché ses larmes : « Le SIDA n’est pas qu’un film ».
L’indéfinissable…
Il y eut d’autres moments. L’envolée de Jeanne Balibar recevant le César sacrément mérité pour Barbara de Mathieu Amalric, remerciant Barbara, rappelant la nécessité de la fraternité et de la sororité dans « notre combat commun contre l’indéfinissable » et encensant Amalric qui a fait « un film de barge sans respecter le cahier des charges ».
Voir l’extrait par ici :
Jeanne Balibar « Silence égal mort »
Et aussi Blanche Gardin, humoriste sur le fil, en robe multicolore (mais disant qu’elle est vêtue de noir à cause de cette année difficile pour le cinéma) arborant à la fois le ruban blanc et un badge à l’effigie de Louis CK et demandant si « nous les actrices avons toujours le droit de coucher pour un rôle ? »
Voir l’extrait par ici :
Blanche Gardin présente le prix du Meilleur Espoir Féminin
Deux moments féminins, dans une soirée où la majorité masculine du cinéma s’est une fois de plus révélée, où pour une deux films d’auteurs ont remporté toutes les récompenses, mais où un petit grand outsider, premier long-métrage de Hubert Charuel, Petit Paysan a aussi brillé avec le César du meilleur acteur à Swann Arlaud, du meilleur second rôle à Sara Giraudeau et du meilleur premier film à son réalisateur. Toutes choses qui rendent cette remise des prix moins convenue qu’il n’y paraît.
LE PALMARÈS
Meilleur film
Robin Campillo, 120 Battements par minute
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Meilleur réalisateur
Albert Dupontel, Au revoir là-haut
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Meilleure actrice
Jeanne Balibar, Barbara
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Meilleur acteur
Swann Arlaud, Petit Paysan
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Meilleur acteur dans un second rôle
Antoine Reinartz, 120 battements par minute
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Meilleure actrice dans un second rôle
Sara Giraudeau, Petit paysan
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Meilleure espoir féminin
Camelia Jordana, le Brio
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Meilleur espoir masculin
Nahuel Perez Biscayart, 120 Battements par minute
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Meilleur premier film
Petit paysan, Hubert Charuel
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Meilleur documentaire
I Am Not Your Negro, Raoul Peck
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Meilleure photographie
Vincent Mathias, Au revoir là-haut
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Meilleur film étranger
Faute d’amour, Andreï Zviaguintsev
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Meilleure adaptation
Albert Dupontel, Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut
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Meilleur court-métrage
Les Bigorneaux, Alice Vial
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Meilleur court-métrage d’animation
Pépé le Morse, Lucrèce Andreae
Le Grand Méchant Renard et autres contes, Benjamin Renner et Patrick Imbert
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Meilleur son
Olivier Mauvezin, Nicolas Moreau, Stéphane Thiébault, Barbara
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Meilleure musique originale
Arnaud Rebotini, 120 battements par minute
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Meilleur scénario original
Robin Campillo, 120 Battements par minute
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Meilleurs costumes
Mimi Lempicka, Au-revoir là-haut
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Meilleurs décors
Pierre Quefféléan, Au revoir là-haut
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Meilleur montage
Romain Campillo, 120 Battements par minute