Du 8 au 25 novembre dans les salles du réseau Alsace cinémas.
Jusqu’au 25 novembre en Alsace, le cinéma en langue allemande est à la fête. Pour sa 12ème édition, le festival Augenblick se passe de tête d’affiche (après Ulrich Seidl en 2013 et, excusez du peu (je suis fan) Werner Herzog en 2014), mais il garde son ambition première, à savoir ouvrir grand nos yeux, nos oreilles, nos imaginaires, notre intelligence, notre curiosité aussi – et peut-être surtout – vers ces contrées cinématographiques auxquelles nous n’avons finalement que peu accès en temps normal. Il y a eu Toni Erdman cette année, oui. Mais qui a vu les précédents films de Maren Ade ? Augenblick nous offre la possibilité de combler ce creux cinéphile ; entre autres propositions, dont une compétition…
Histoire de relayer l’entreprise, nous vous proposerons dans les prochains jours trois ITWs minutées avec trois des réalisateurs en compétition.
À notre programme, dans l’ordre de passage par les cinémas Star de Strasbourg (notre point d’attache) : Aloys de Tobias Nölle, Agnes de Johannes Schmid et Chucks de Sabine Hiebler et Gerhard Ertl.
Précision : ces entretiens sont en allemands. La traduction arrive après que l’interviewé ait dit tout ce qu’il avait à dire, parfois cela prend un peu de temps… Mais 1/ ceux qui comprennent la langue d’origine en profitent en direct et 2/ceux pour qui c’est du chinois peuvent se laisser porter par la musique et surprendre par la réponse quand elle arrive !
Chucks : l’interview minutée de Gerhard Ertl
“Oui, en fait il s’agit d’une adaptation littéraire. Un des plaisirs au moment de lire le livre, dans l’expérience, c’est qu’on est à différentes échelles de temps. Dans le livre, le personnage on le suit à quatre ou cinq âges différents, ce qui n’aurait pas fonctionné dans le film et donc on ne l’a pas fait. On s’est limités à deux âges : son enfance et la période où elle a sa relation avec Paul. Par contre ce à quoi on tenait vraiment, c’était que ces deux périodes se fondent. Que ce traumatisme-là influe son histoire, son comportement avec Paul. Et pour qu’elles puissent se fondre on a effectivement utilisé à la fois les flash-back et les musiques.“
Agnes : l’interview minutée de Johannes Schmid
“Effectivement, le film joue beaucoup avec ça : le spectateur doit accepter qu’il y ait des passages qui soient régulièrement diffus. Parce que vous avez d’un côté la réalité, la subjectivité avec laquelle les personnages voient cette réalité, leurs projections, leurs souhaits ; et puis l’histoire qu’ils écrivent. Donc c’est effectivement tout un tas d’alternatives. Et c’est ces différences de perceptions qui construisent le film. Et finalement ça reflète la réalité, enfin ce dont on peut faire l’expérience dans la vie : il y a les choses comme on se les représentes, il y a les choses comme on aimerait qu’elles soient, et l’avis qu’on a sur ces choses. Voilà, ces différentes perceptions sont la principale thématique du film. La manière dont chacun, par sa perception, déforme la réalité…“
Aloys : l’interview minutée de Tobias Nölle
“Effectivement Aloys est un peu cleptomane. Quand j’ai écrit le scénario de ce film, il était clair pour moi qu’un détective est quelqu’un d’invisible. Quelqu’un qui se fond dans le paysage, donc ce serait un peu dommage qu’il ne profite pas, justement, de cette invisibilité en faisant disparaître quelques affaires par-ci, par-là dans sa poche. Je trouvais que ça allait bien avec le personnage. Et c’est un moyen aussi de renforcer cette invisibilité…“
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion.
L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça.
Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel.
On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD.