Sébastien Lifschitz a vivement remercié sur scène Edouard Waintrop – directeur artistique de la Quinzaine des Réalisateurs – de « faire un peu de place au documentaire », un genre qui fait partie intégrante du cinéma, mais qui, hélas, reste sous représenté dans les grandes sections du Festival de Cannes.
Les Vies de Thérèse réparait quelque peu cette injustice ; un portrait bouleversant d’une féministe au destin singulier, disparue en début d’année, Thérèse Clerc. Faisant déjà partie du précédent documentaire de Lifschitz, Les Invisibles, Thérèse Clerc demanda au réalisateur de filmer ses derniers instants de vie ; elle fait en premier lieu, au tout début du film, le constat de la rareté des représentations de la phase universelle qu’elle vit : la décrépitude du corps et de l’esprit. Thérèse Clerc se livre ainsi entièrement à raconter ses fatigues, son quotidien de vieille femme à bout de souffle dans un corps devenu trop lourd, elle qui débordait d’énergie dans le passé. Elle raconte son histoire et son militantisme féministe, passant du rôle de femme mariée et soumise, et mère de quatre enfants, à la révolte en 1968 où elle divorce de son mari et démarre une lutte qui l’entraîne vers des passions sexuelles inédites. Son propos est relayé par ses enfants, quatre adultes qui l’entourent avec affection dans la maladie et qui se souviennent, avec un respect infini, de la femme forte que fut Thérèse pour eux, mais aussi pour tout son entourage. Profondément poignant, doux et éclairé, ce documentaire n’a qu’un seul défaut, son format de 54 minutes, bien trop court.