Les convictions politiques de Ken Loach n’ont jamais été un mystère… Il s’en ouvre régulièrement dans la presse et s’il ne le faisait pas ses films parleraient pour lui. Ken Loach fait du « social », il se penche sur le Royaume Uni de la middle class, voire de la classe pauvre. Et entre révolutions et situations impossibles, disons qu’on est très très loin de demander à Dieu de sauver la Reine…
Moi, Daniel Blake, suit cette droite lignée de films politiquement engagés, au cœur de ceux que le système oublie.
Ça commence d’ailleurs un peu comme La Part des Anges, avec un État qui ne sait plus quoi faire, et fait souvent mal. Mais là où les histoires d’Ecossais et de whisky tournaient à la comédie sociale, les éclats de rire se font vite très rares chez Daniel Blake.
Coincé entre un médecin qui lui dit qu’il ne peut pas retourner travailler et un État qui considère qu’il doit y retourner, Daniel Blake n’a plus d’argent. Il va croiser Katie, relogée à ses enfants loin de son boulot et de ses soutiens familiaux, sans argent aussi…
Et pourtant ce sont des gens bien, honnêtes, qui vont galérer, tomber bas, en essayant malgré tout, sans toujours y arriver, de ne pas perdre le peu qu’il leur reste, leur dignité.
Des gens qui se rencontrent, s’indignent et s’aident. Malgré tout.
Parce qu’au milieu de ce cauchemar, Ken Loach, et son toujours impeccable scénariste Paul Laverty, sauvent l’humanité et – certes c’est simple de le dire mais si vrai– l’amour de son prochain.
Alors oui, c’est simple, peut être naïf, peut être parfois un rien manichéen… Mais c’est aussi touchant, drôle, sur le fil. Et quelques scènes, comme celle à la banque alimentaire, serrent le cœur jusqu’à faire sortir les larmes.
Parce que du haut – du très haut – de leur expérience de cinéaste et de scénariste, Loach et Laverty sont revenus à une épure qui n’est pas sans rappeler, dans un autre genre, ce que fait dans un tout autre registre un autre vétéran du Cinéma présent sur la croisette, Woody Allen.
Et pour ça, rien que pour cette humanité et ce Cinéma jusqu’au-boutiste, oui, on aime encore et toujours Ken Loach, avec cœur, et bonheur.