Cannes 2018 : le palmarès
Alors qu’aucun favori ne semblait se dessiner après dix jours de festival et que 21 films concourraient pour la précieuse Palme d’Or, retour sur une soirée où les révélations ont voisiné avec les confirmations. Modeste surprise, tout d’abord, pour la Caméra d’Or, décernée à Girl de Lukas Dhont, qui avait fait l’unanimité lors de sa présentation au Certain Regard. Du côté des prix d’interprétation, la rédaction de Bande à Part aura eu le nez creux (cf. notre page Facebook), puisque Marcello Fonte a été récompensé pour Dogman de Matteo Garrone, tandis que, du côté féminin, Samal Yeslyamova a été primée pour Ayka de Sergey Dvortseyov. Pawel Pawlikowski, qui figurait parmi les favoris de la presse, repart avec le prix de la mise en scène pour son très beau Cold War. Le prix du scénario sera la seule récompense – partagée qui plus est avec 3 Visages de Jafar Panahi – de Felice Lazzaro d’Alba Rohwacher, fable au scénario effectivement surprenant, dont on aurait pu imaginer qu’elle pouvait prétendre à plus. Tout comme Capharnaüm de Nadine Labaki, qui semblait avoir séduit une grande partie des festivaliers, et repart avec un prix du jury. La palme d’or ne sera donc pas féminine, une fois de plus. Une Palme d’Or « spéciale », vient en revanche récompenser Le Livre d’image, nouveau stupéfiant poème visuel de Jean-Luc Godard, qui connaitra une distribution « spéciale », puisqu’il ne devrait être montré que dans un nombre limité de séances en salle, avant sa véritable première… à la télévision. De sa longue gestation à la conférence de presse en Facetime avec maître Godard, le film aura donc suivi de bout en bout un chemin singulier qui lui va plutôt bien. Mais revenons aux récompenses et aux deux prix majeurs de la soirée : Spike Lee, que tout le monde murmurait gagnant cet après-midi, repart avec le Grand Prix, pour son BlacKkKlansman, polar à l’humour noir, inspiré d’une histoire vraie. Son ton virulemment anti-Trump a peut-être fait gagner quelques points à ce film tout à fait respectable, mais auquel il manquait un peu de rythme pour en faire un Spike Lee majeur. La Palme d’Or, enfin, récompense Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda. Pour sa cinquième présence en Compétition, c’est une confirmation pour le réalisateur de Tel père, tel fils, qui décroche enfin la récompense suprême. Une palme, qui cette année revient à un des favoris de la presse française et internationale. Deux autres chouchous de la presse, enfin, auront connu un sort moins enviable : Leto, bio musicale et pop de Kiril Serebrennikov, et Burning, étude de caractères chabrolienne de Lee Chang-dong, sont donc repartis bredouilles. Ils n’en perdent pas pour autant leur beauté.
Palme d’or : Une affaire de famille d’Hirokazu Kore-eda
Palme d’or spéciale : Jean-Luc Godard pour Le livre d’image
Grand prix : BlacKkKlansman de Spike Lee
Prix d’interprétation féminine : Samal Yeslyamova pour son rôle dans Ayka
Prix d’interprétation masculine : Marcello Fonte pour son rôle dans Dogman
Prix de la mise en scène : Cold War de Pawel Pawlikowski
Prix du jury : Capharnaüm de Nadine Labaki
Prix du scénario ex-aecquo : Alice Rohrwacher pour Heureux comme Lazzaro et Nader Saeivar pour Trois Visages de Jafar Panahi.