Dominée par le triomphe d’Oppenheimer, un des grand succès critique et public de 2023, la cérémonie des Oscars 2024 n’a laissé que peu de place à la concurrence hollywoodienne. Mais plusieurs films en provenance d’autres pays ont été récompensés, preuve d’une ouverture toujours plus grande de l’Académie à des voix différentes.
Le sacre était annoncé depuis quelques semaines, il a été acté : avec sept Oscars (dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, ainsi que deux prix d’interprétation) Oppenheimer est le grand gagnant de cette 96e cérémonie des Oscars. Malgré son jeune âge (à peine plus de 50 ans), Christopher Nolan, qui reçoit ainsi les deux premiers Oscars de sa carrière, est presque devenu une sorte de dinosaure dans le cinéma hollywoodien contemporain : il tourne, en 35 mm, des films aux sujets soit sérieux soit complexes, utilise a minima les effets spéciaux en images de synthèse et parvient malgré tout à faire venir en masse les spectateurs du monde entier dans les salles de cinéma. C’est cette obstination et cette réussite que ses pairs ont récompensées dimanche soir.
Face à ce rouleau compresseur, les autres participants (pour les plus chanceux) ne pouvaient se partager que des restes. Ce fut le cas du second gagnant de la soirée, Pauvres Créatures, de Yorgos Lanthimos, qui a remporté quatre Oscars. Occasionnant une des relatives surprises de la soirée : la victoire d’Emma Stone, face à Lily Gladstone, donnée favorite par certains observateurs, pour sa formidable interprétation dans Killers of the Flower Moon. Le film de Martin Scorsese, reparti totalement bredouille, fut, avec Maestro, de et avec Bradley Cooper, (sept nominations et aucune récompense) le grand perdant de cette soirée, qui a un peu bousculé quelques valeurs établies.
La part du cinéma étranger et des outsiders a en effet légèrement rebattu les cartes de cette édition. Les récompenses dans le domaine du son et des effets spéciaux permettent habituellement aux blockbusters d’empocher une ou plusieurs statuettes. Mais cette année, Mission Impossible – Dead Reckoning : partie 1, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 et The Creator sont repartis les mains vides. L’incroyable bande-son de La Zone d’intérêt a valu au film de Jonathan Glazer un de ses deux Oscars (l’autre lui revenant en tant que meilleur film en langue étrangère), tandis que Godzilla Minus One de Takashi Yamazaki, production japonaise au budget modeste (en regard des blockbusters sus-cités) a remporté celui des effets spéciaux. Le Japon a provoqué une seconde fois la surprise, quand Le Garçon et le Héron, du maître Miyazaki, a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation face à l’ultrafavori Spider-Man : Across the Spider-Verse. Avec le prix du meilleur scénario original remporté par Justine Triet et Arthur Harari pour Anatomie d’une chute, c’était également la manifestation d’une présence toujours plus grande et plus diverse de films en langue étrangère parmi les récompensés de cette incontournable grand-messe du cinéma hollywoodien.