Dix éditions, ça se fête. Et le festival Play It Again donne tout son (ses) sens au mot fête à travers une sélection de films restaurés, du classique à la pépite invisible depuis des décennies. Il y en aura pour tous les goûts.
Pour sa dixième édition, le festival de films du patrimoine présentés dans des versions restaurées se place sous le signe, très vaste, de la fête. De la France à l’Inde, en passant par l’Italie, les États-Unis ou la République tchèque, les multiples éloges cinématographiques des festivités établissent une belle mappemonde cinématographique.
Des débuts du cinéma (une sélection de courts-métrages de la réalisatrice Alice Guy), à La Fille du 14 juillet d’Antonin Pertejatko (2013), les spectateurs pourront se refaire une idée d’un art si jeune et pourtant si riche. Car la belle idée de cette programmation, c’est de s’adresser à une grande variété de publics. On peut, par exemple, passer du Salon de musique, médiation mélancolique du maître Satyajit Ray, à La Boum, bonbon acidulé de Claude Pinoteau, imaginé par une Danièle Thompson très en phase avec son époque.
Les plus jeunes seront séduits par la poésie naïve du Carnaval de la petite taupe de Zdenek Miler, qui a déjà touché plusieurs générations d’enfants, tout comme Le Magicien d’Oz de Victor Fleming, qui reste encore aujourd’hui une des plus impressionnantes utilisations du Technicolor à l’écran.
Des réalisateurs essentiels de l’histoire du cinéma seront représentés à travers La dolce vita (Federico Fellini), French Cancan (Jean Renoir), La Ruée vers l’or (Charles Chaplin) ou encore Jour de fête (Jacques Tati).
Les amateurs de raretés pourront se précipiter sur Saravah de Pierre Barouh et sur The Amusement Park de George A. Romero, tournés entre la fin des années 1960 et le début des années 1970, qui sont restés invisibles pendant des décennies, jusqu’à leur récente redécouverte.
Mais cette notion de fête a été envisagée de façon très large, permettant à cette programmation d’emprunter des sentiers qu’on n’aurait pas forcément imaginés. Ainsi, le culte et trash Nowhere de Gregg araki voisine avec The Wicker Man de Robin Hardy, farce païenne très noire, qui fut une forte inspiration pour le Midsommar d’Ari Aster.
La délicatesse est également au rendez-vous avec le joliment décalé Jour des rois de Marie-Claude Treilhou, ou encore Haut les cœurs ! de Solveig Anspach.
Sur le front de la comédie musicale, l’insurpassable Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy côtoie le kitsch et enjoué Grease de Randall Kleiser.
On ne citera pas tous les titres (la programmation intégrale est en lien en bas de page), mais on est obligé d’évoquer The Party, incroyable comédie burlesque de Blake Edwards, qui mérite d’être vue et revue, et surtout en public, sur un grand écran. Tout comme l’incroyable concert filmé Woodstock de Michael Wadleigh et ses doubles (ou triples) panneaux en split-screen, qui retrouvent toute leur majesté dans une salle de cinéma.