Mercredi 5 septembre 2018 = coup d’envoi de la 24e édition de L’Etrange Festival. Et pour la première fois depuis longtemps, chic, j’y étais !
J’ai déjà évoqué l’an passé mes attaches à ce festival si fondamental, que je n’arrive, malheureusement, plus à fréquenter qu’en mode restreint –la faute aux contingences du quotidien, difficilement contournables en septembre. Néanmoins, chaque année c’est impératif, il me faut faire l’aller-retour Strasbourg-Paris, ne serait-ce que pour une soirée. Et renseignements pris, je ne suis pas une exception ; ceux qui y ont sérieusement goûté y reviennent forcément.
Lors de l’introduction à la séance d’ouverture, Frédéric Temps, à la tête de L’Etrange Festival, a d’ailleurs rappelé que le plus important promoteur de la manifestation, loin devant quelques subventions peaux de chagrin, reste le public : sans entrées payantes, pas de nouvelle édition. Or bonne nouvelle, malgré la multiplication des home-cinémas et des plateformes de VoD, les spectateurs continuent à plébisciter le travail de défrichage et de mise en avant des étranges programmateurs.
Parmi les soutiens historiques de L’Etrange se trouve aussi le lieu qui l’accueille, le Forum des Images. Au fil d’un improbable stand-up, Claude Farge, tout nouveau directeur général de l’institution créée en 1988 (joyeux anniversaire !), a dit son souhait d’inscrire le Forum des Images dans l’audacieux esprit de décloisonnement de L’Etrange Festival. L’Etrange toute l’année ? En tout cas pour commencer, L’Etrange jusqu’au 16 septembre !
Et donc, après les allocutions, qu’a-t-on vu ? D’abord, une intrigante bande annonce inédite (refusée pour la promo) de Climax, nouvel opus de Gaspar Noé, un proche de L’Etrange s’il en est –Climax sera montré en sa présence le 14 septembre à 21h30. Puis le somptueux court métrage Bavure, signé Donato Sansone, qui brosse le cycle de la vie en quelques coups de pinceau. Enfin Anna & The Apocalypse, premier film du très énergique et sympathique John McPhail qui a diversement convaincu… Une comédie musicale, Noël, des collégiens, des zombies… Personnellement, « zombies » ça a tendance à me fatiguer d’avance, quant à « comédie musicale » je sors d’emblée mes bouchons d’oreilles, donc je ne partais pas gagnante… Mais j’espérais tout de même un étrange miracle, qui, hélas, n’a pas eu lieu. Vouloir faire rire avec des personnages qui se fichent de tout, puis sans articulation essayer de faire pleurer sur leur sort, c’est, au mieux, boiteux.
Pour ne pas rester sur cette « fausse note », j’ai décidé de voir un autre film avant d’aller à la fête d’ouverture. Comme The Allins, documentaire punk qui me tentait terriblement, avait déjà commencé, je me suis reportée sur le non moins punk I am Sono Sion ! (1984), autoportrait expérimental en 8mm d’une figure importante de L’Etrange Festival. Et là, j’ai trouvé mon compte : une œuvre de jeunesse, un peu désavouée, bruyante et bizarre, drôle. Et visible nulle part ailleurs… Merci ! J’ai encore vu le début d’un autre moyen métrage frapadingue de la section « 8mm Hachimiri Madness », consacrée aux films indépendants japonais des années punk, mais on est gentiment venu m’extraire de mon fauteuil pour aller boire des cocktails dans un caveau aux allures de donjon SM. J’ai cédé à la tentation, évidemment. C’était une bien belle soirée d’ouverture ; je reviendrai.
PS : Dès ce dimanche, pour découvrir notamment ceci sur grand écran :