Cannes 2025 : sélection de la Semaine de la Critique

Les promesses de la lumière

Six réalisatrices et cinq réalisateurs ont les honneurs de la sélection longs-métrages de la 64e Semaine de la Critique, dédiée aux premières et deuxièmes œuvres. Avec de la fiction, du documentaire, de l’animation, des fantômes, un aspirateur, des lévriers, un perroquet, un suricate, des roseaux, des pissenlits, Léa Drucker, Anamaria Vartolomei, Ella Rumpf, Monia Chokri, William Lebghil et Théodore Pellerin.

Le jury de la Semaine de Critique 2025 sera présidé par le cinéaste espagnol Rodrigo Sorogoyen (Que dios nos perdone, El reino, As bestas), cette fois confirmé et accompagné de la directrice de la photographie franco-canadienne Josée Deshaies (Saint Laurent, À son image, Urchin à Un certain regard cette année), de la critique marocaine Jihane Bougrine (Le Desk, Vogue Arabia, Festival de Marrakech), de la productrice indonésienne Yulia Evina Bhara (Le Pion du général, Tiger Stripes Grand Prix de la Semaine de la Critique 2023, Renoir en lice pour la Palme d’or cette année), et de l’acteur britannique Daniel Kaluuya (Get Out, Black Panther, Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Judas and the Black Messiah). Ce club des cinq plongera dans la compétition des sept longs-métrages et des dix courts-métrages (qui seront annoncés ce jeudi 17), choisis par Ava Cahen et ses deux comités de sélection. En ajoutant les séances spéciales, ce sont donc onze longs et treize courts qui composent le programme total, sur 1000 longs et 2340 courts visionnés !

Les longs métrages réunissent six réalisatrices et cinq réalisateurs cette année. Une configuration rare et reflet d’une vitalité réjouissante. Parmi les sept premières œuvres, qui concourent pour la Caméra d’or, et les quatre secondes, on note un documentaire autobiographique sur l’identité et le territoire, signé du cinéaste tchétchène Déni Oumar Pitsaev. On souhaite à son Imago le même destin que Les Filles du Nil de Nada Riyadh et Ayman El Amir, lauréat de l’Œil d’or cannois l’an dernier. Quant au film d’animation Planètes, présenté en clôture, il est né de la Japonaise Momoko Seto et promet le périple de survie cosmique d’akènes de pissenlits ! Événement, avec le retour de Laura Wandel après son remarqué Un monde, en ouverture grâce à L’Intérêt d’Adam, immersion hospitalière avec une infirmière, un enfant et sa mère, et les deux stradivarius du jeu Léa Drucker et Anamaria Vartolomei. Cette dernière célèbre ses retrouvailles avec la Semaine de la Critique, quatorze ans après son premier film My Little Princess d’Eva Ionesco.

Deux interprètes du Québec brillent dans deux premiers longs français. Théodore Pellerin risque d’éclater définitivement sur la Croisette dans le rôle titre de Nino de Pauline Loquès, course contre la montre existentielle dans les rues de Paris, et Monia Chokri mène le duo féminin en pleine maternité de Des preuves d’amour d’Alice Douard, avec aussi Ella Rumpf, révélée à la Semaine en 2016 en sœur aînée de Garance Marillier dans Grave de Julia Ducournau. Quant à William Lebghil, il est annoncé en second rôle dans Nino, et dans la fantaisie francilienne Baise-en-ville, second long de et avec Martin Jauvat dans le rôle principal, face à Emmanuelle Bercot, après Grand Paris et notamment son court Le Sang de la veine. Deux propositions bigarrées du jeune cinéma hexagonal, qui font aussi présager d’un élan créatif.

Outre Laura Wandel et Déni Oumar Pitsaev, l’étranger devrait briller avec l’Espagnol Guillermo Galoe et sa fresque dans un bidonville Rom Ciudad si sueño, entre courses de lévriers, oiseaux et amitié enfantine ; avec la Taïwanaise Shih-ching Tsou et son épopée familiale et féminine à Taipei Left-Handed Girl, montée et coproduite par Sean Baker, cinéaste qu’elle produit et avec qui elle coréalisa Take Out (2004) ; avec le Néerlandais Sven Bresser et son enquête d’un fermier taiseux en pleins roseaux sauvages dans Rietland ; avec une autre Belge, Alexe Poukine, et son exploration de la féminité et de la débrouille extrême Kika, avec Manon Clavel et Makita Samba ; et avec un nouveau pays à l’honneur de la Semaine, via le Thaïlandais Ratchapoom Boonbunchachoke et A Useful Ghost, une fantasmagorie amoureuse, poétique, queer et burlesque, entre vivants, fantômes et aspirateur.