Pierre Lottin s’épanouit depuis une douzaine d’années, de longs en courts métrages, du grand au petit écran, surfant sur les genres. Révélé en Wilfried Tuche, fiston gangsta homo de la saga familiale Les Tuche signée Olivier Baroux, il a notamment marqué en Krawitz, lieutenant imprévisible en Algérie dans Les Harkis de Philippe Faucon.
Aujourd’hui, il épate une nouvelle fois, dans la peau de Jimmy, frangin de son aîné Thibaut, joué par Benjamin Lavernhe, dans En fanfare d’Emmanuel Courcol, présenté à Cannes Première. Employé de cantine scolaire pour gagner sa vie, et joueur de trombone dans la fanfare – harmonie, il préfère – de sa bourgade du Nord. Un gars émouvant, toujours chez sa mère, séparé de sa fille ado, et bouleversé de se découvrir sur le tard ce grand frère dont il ne connaissait pas l’existence, et qui a grandi du côté des nantis, à Paris, quand ils auraient dû grandir ensemble. Thibaut est un chef d’orchestre mondialement reconnu. Jimmy a l’oreille absolue et s’avère un grand fan de jazz. Dans ce mélodrame et feel good movie, Pierre Lottin passe d’une émotion à l’autre avec un mélange d’aplomb et de finesse confondant. De l’incrédulité (la rencontre fraternelle est tordante, même si les raisons le sont moins) au déni, de la résistance à l’ouverture, de l’acceptation à la déception, de la rancœur à la colère. Et toujours avec une grande générosité dans le jeu.