Cannes 2019 : Trintignant forever
Jean-Louis Trintignant, si fort et si fragile ce samedi 18 mai sous son chapeau et sur les marches du Palais des Festivals. Dès son premier plan dans Les Plus Belles Années d’une vie — image d’un homme seul au milieu des autres, un homme perdu dans les méandres de sa mémoire vacillante —, il est bouleversant. Ses yeux, d’abord fuyants, deviennent songeurs, et soudain réveillés par une douceur, sans doute, qui affleure, ils s’arrêtent face caméra comme pour nous dire quelque chose, et repartent encore vers ses pensées, ses rêves, ses meilleurs souvenirs. Le film de Claude Lelouch, plus de cinquante ans après Un homme et une femme et sa Palme d’or, est un drôle d’objet mélancolique recyclant des plans du film originel et cette jeunesse éternelle de Jean-Louis et Anne, de Trintignant et Anouk Aimée, mais aussi ce long travelling dans Paris qu’était le court-métrage C’était un rendez vous, tourné en 1976. C’est un film sur l’amour et sur le temps qui passe (et « ne se rattrape guère », comme dans la chanson de Barbara), mais sur le visage de Jean-Louis Trintignant, lorsqu’il dit : « J’étais joli quand j’étais jeune », cet éternel sourire nous happe. Et de voir ainsi l’acteur et l’homme, les larmes nous cueillent.