Deux compétitions internationales de long-métrages, un hommage à William Friedkin, des évènements d’ampleur : le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg entame aujourd’hui une dixième édition aussi riche qu’attendue.
Il est là, il revient. Le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg ouvre aujourd’hui sa dixième édition. Après les expérimentations Hammer Film Festival (rétrospective de films fantastiques anglais) en 2006, et Spectre Film Festival (rétrospective de films de science-fiction) en 2007, la première édition de ce qu’on commençait à appeler le « FEFFS » s’est tenue à Strasbourg en 2008. Un hommage à Ray Harryhausen, le deuxième film de Fabrice Du Welz en compétition… Les aînés s’en souviennent. Dix ans plus tard, le festival jouit d’une réputation qui n’est plus à faire, et peut s’afficher sans rougir comme l’un des principaux festivals de film fantastique européen, pas très loin après les vétérans Sitges et Gérardmer.
Pourtant, ces derniers jours n’ont pas été faciles pour le festival de Strasbourg. Malgré tous les efforts des Films du Spectre, l’association gérant le festival, et de la ville, l’un des symboles du FEFFS, la Zombie Walk, ne sera pas reconduite cette année pour cause d’Etat d’Urgence (l’an passé déjà cet évènement avait dû être mis entre parenthèses). De plus, le festival porte encore le deuil après les décès récents et consécutifs de deux de ses illustres présidents : George Romero et Tobe Hooper. Déjà, les rumeurs d’une malédiction planent, et on ne compte plus les cierges allumés et grigris ensorcelés pour assurer la protection de Dario Argento, président de la précédente édition.
Qu’à cela ne tienne, le FEFFS compte bien fêter dignement son anniversaire. Et en guise d’ouverture, c’est un autre retour attendu que nous offre le festival, celui du clown de Ça, dans la nouvelle adaptation du roman de Stephen King. C’est déjà le « film préféré du siècle » de Xavier Dolan, alors forcément, on est impatient. Impatient aussi de rencontrer William Friedkin, le légendaire réalisateur de L’Exorciste et French Connection, qui sera à Strasbourg pour donner une masterclass et se voir honoré d’une rétrospective. De côté des évènements, le festival gâte une nouvelle fois ses festivaliers : quoi de mieux en effet pour fêter son anniversaire que de piquer une tête au bassin d’Austerlitz à l’occasion de la projection des Dents de la Mer 2, ou de revoir Christine, le film de Carpenter également adapté de King, dans une veille voiture américaine pour une soirée drive-in ?
La programmation quant à elle est aussi riche et diversifiée que le cinéma fantastique peut l’être : les cannois Jupiter’s Moon de Kornél Mundruczó et Mise à mort du cerf sacré de Yórgos Lánthimos côtoient les expressionnistes Hélène Cattet et Bruno Forzani. Le duo présente en effet leur très attendu nouveau film, Laisser bronzer les cadavres, tandis que Joachim Trier, réalisateur de l’acclamé Oslo 31 août et de Louder Than Bombs nous offre son thriller fantastique norvégien, Thelma. Et au milieu de tout ça, l’horreur, la science-fiction, la paranoïa, l’inquiétante étrangeté, la poésie. Bref, le cinéma fantastique.
Mais le cinéma fantastique est un genre si perméable que beaucoup d’autres films en sont imprégnés, sans pour autant que l’on puisse les qualifier de « fantastiques ». C’est le cas des œuvres présentées dans la sélection « crossover » (dont Bande à Part est partenaire). Des films de genre à la lisière du genre, comme A Prayer Before Dawn, le nouveau film de Jean-Stéphane Sauvaire (Johnny Mad Dog) ; ou encore The Little Hours, comédie moyenâgeuse sur la frustration sexuelle en couvent, avec John C. Reilly, Aubrey Plaza et Nick Offerman (Parks & Recreation). Voilà de quoi attiser la curiosité…
Et puis bien sûr, des midnights movies étranges ou délirants dans lesquels ce sera l’occasion de voir sur grand écran à des heures peu convenables des extraterrestres envahir Tokyo (dans Meatball Machine Kodoku), un lion géant chasser en plein Amsterdam (dans Prey) et autres jeux de massacre. Et à côté de ça, des conférences, de la réalité virtuelle, des expositions… Dix jours à cent à l’heure pour dix ans de cinéma fantastique à Strasbourg.