Les beaux espoirs de Saint-Jean-de-Luz

Samedi soir s’est achevée la 4e édition du Festival International de Saint-Jean-de-Luz, où furent présentés 15 premiers et deuxièmes longs-métrages. Retour sur un palmarès réjouissant.

La semaine aura été chaleureuse et festive, accueillant chaque jour de jeunes talents enthousiastes venus présenter leur film à un public souvent pour la toute première fois. Le jury, composé de l’actrice Michèle Laroque, du scénariste et réalisateur Marc Fitoussi, de la scénariste et réalisatrice Lola Doillon, du comédien et producteur Hugo Becker, de l’acteur et rappeur Gringe et des comédiennes Anne Marvin et Sarah Stern, tous manifestement liés par une joyeuse complicité, a décerné le Prix du jury à Jusqu’à la garde de Xavier Legrand. Sans doute le film le plus saisissant et brillant de toute la compétition, il filme au cordeau la lutte acharnée d’un père et d’une mère pour la garde de leur fils. Pensé comme un thriller psychologique, très ancré dans le réel (remarquable travail sonore de ce point de vue), ce premier long-métrage, interprété par Léa Drucker, Denis Ménochet et Thomas Gloria, s’inscrit dans la continuité du déjà remarquable court-métrage de Xavier Legrand, Avant que de tout perdre (César du meilleur court en 2014, et nomination aux Oscars la même année).

Le Prix de la Mise en scène a été décerné à Seule la terre de l’Anglais Francis Lee ou l’histoire d’amour homosexuelle de deux jeunes paysans sur les terres embrumées du Yorkshire. Le comédien Josh O’Connor remporte, lui, le très mérité Prix de l’interprétation masculine pour ce film. Entre chronique âpre et drame sentimental, le premier long-métrage de Francis Lee embarque sur la longueur, dessinant de vrais personnages aimés et aimables. Qu’elle est belle, la séquence où Johnny (Josh O’Connor) lave son père malade et témoigne, en quelques mots, quelques gestes, de l’amour pudique qui les relie !

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Crédit : Thibault Perrier

Quant à Zita Hanrot (César du Meilleur espoir féminin pour Fatima de Philippe Faucon en 2016) et la très spontanée Clémence Boisnard, toutes deux crèvent l’écran dans La Fête est finie de Marie Garel Weiss et ont remporté le Prix de l’interprétation féminine. Ce premier long-métrage très personnel (qui a aussi obtenu le Prix du public) suit le combat de deux jeunes toxicomanes pour sortir de l’emprise de la drogue et doit beaucoup à l’énergie considérable de ses comédiennes. Sur la scène du cinéma Le Sélect, elles jubilaient. On se souviendra des mots émus et sincères de Zita Hanrot, adressés à sa partenaire à l’écran : « Tu m’as aidée à sortir de ma fierté et de mon orgueil ». Quel plus beau cadeau de l’une à l’autre ?

Enfin, Marlon de Jessica Palud remporte le Prix du jury et celui du public pour le meilleur court-métrage. Le film dessine le portrait d’une jeune fille de 14 ans dont la mère est incarcérée et qui lui rend visite pour la première fois en prison. Une tension dramatique parcourt ces 19 minutes intelligemment menées. Jessica Palud parvient à créer un réel univers. Un nom à suivre.