Dans le premier film d’Andrea Di Stefano, Paradise Lost, il est le plus grand trafiquant de drogue que la Terre ait porté : Pablo Escobar. À l’écran, comme lorsqu’il entre dans une pièce pour une (courte) interview, Benicio del Toro impose sa présence magnétique avec une grâce animale. Un charisme félin, empreint de dangerosité, qu’il exploite à merveille, y compris pour répondre de façon laconique si l’envie lui en prend.
Bien sûr, ma perception a évolué, je le connais mieux maintenant. J’ai beaucoup lu sur lui, vu des vidéos existant un peu partout, de sa famille, etc. Je savais que c’était un trafiquant de drogue, peut-être le plus grand d’entre eux au monde. Mais je ne savais pas qui il était : l’homme privé qu’il était avec sa famille, ses œuvres sociales, la place qu’il tenait dans la société colombienne. Je ne savais pas qu’il avait tenté de devenir un homme politique en Colombie. Je connaissais sa chute, mais pas particulièrement la période dont on s’est occupés, du moment où il a beaucoup de succès — en 1983 à peu près — au moment où il entre en prison — qu’il contrôlait aussi… Et puis je me suis concentré sur cette période, cette histoire vraie. On s’est intéressés ensuite à sa chute, son meurtre, mais finalement on ne l’a pas utilisé dans le film. Et puis il faut jeter tout ça, pour se concentrer sur l’histoire et ce qu’on peut en interpréter. Pour faire un film. Il s’agit de jouer, simplement, d’endosser le rôle comme pour n’importe quel personnage.
« Ce que moi j’ai fait ? Je me suis juste pointé. Je m’assure d’être là, présent, au bon moment. Et je fais mon boulot. »
Je pense que c’était exactement ce qu’on voulait à l’écriture. Montrer le « méchant » Pablo Escobar, sans pouvoir retrouver ses empreintes sur les flingues, sans qu’il se salisse jamais les mains. Mais on attrape aussi Pablo à un moment où il a du succès, il a déjà fait tout ce qu’il fallait pour être là où il est. Il est au top de sa « carrière ». Il n’a pas besoin de se salir les mains. Il fallait du coup faire passer tout ce danger, cette sensation d’un monstre, à des moments bien précis. Quand il ordonne un meurtre, par exemple, sans ciller. Ou quand il ne réagit pas à la mort de quelqu’un, devant lui, alors même que cette personne
travaillait sûrement pour lui depuis plus de quinze ans. Il est très dur, cruel, sans pitié. C’est ce qui ressort du scénario. Ce que moi j’ai fait ? Je me suis juste pointé. Je m’assure d’être là, présent, au bon moment. Et je fais mon boulot. Mais je ne fais rien de particulier pour cela. C’est le scénario qui compte.