Comédienne, corps et âme

Elle vient de quitter la scène du Théâtre National de Strasbourg et poursuit la tournée de Vents contraires, la pièce de Jean-René Lemoine à la vivifiante mise en scène, aux six coins de l’Hexagone (cf. dates ci-dessous). Anne Alvaro, c’est une présence particulière, intense ; une tonalité d’équilibriste, sur le fil entre drôlerie et tragédie ; c’est aussi et surtout une voix, capable de se promener aisément des graves aux aigus, comme dans l’un des monologues de Vents contraires, qui lui fait faire un grand huit vocal réjouissant et conduit son personnage aux portes de l’hystérie matérialiste. Anne Alvaro, c’est aussi une danseuse de tango qui fait corps avec le texte, qui offre un relief très exact aux mots et les fait circuler dans l’air avec grâce, en donnant, toujours, le sentiment qu’elle en protège la flamme fragile. Car, à l’origine de son souffle, il y a un amour puissant des auteurs et du jeu.

Anne Alvaro s’est exercée à l’art dramatique dès l’enfance. Ce métier est fait pour elle. Sur scène ou devant une caméra, elle est à sa juste place. Dès lors, du théâtre au cinéma, chez Raoul Ruiz, longtemps, ou chez Jaoui-Bacri qui l’ont fait connaître au plus grand nombre grâce à son rôle d’actrice-professeur d’anglais dans Le Goût des autres, récompensé par un César de la Meilleure actrice dans un second rôle en 2001, elle navigue avec singularité et fait de chacune de ses apparitions la source d’une réjouissance aiguë pour le spectateur.

Conversation en quelques temps et autant de mouvements, autour d’un thé et de sons de la vie urbaine quotidienne.

1. Les rituels avant la représentation

2. La voix