Sophia (Magalie Lépine-Blondeau) et Xavier (Francis-William Rhéaume) forment, de longue date, un couple complice. Bien intégrés à leur milieu éduqué et aisé, ils vivent confortablement à Montréal. Chacun sa chambre ; les feux de la passion sont éteints. Lorsqu’ils font l’acquisition d’un chalet à la campagne, dans les Laurentides, c’est Sophia qui est désignée pour suivre les travaux. Et là, elle rencontre leur chef de chantier, le séduisant et rustique Sylvain (Pierre-Yves Cardinal)…
Avec humour et aplomb, Monia Chokri, réalisatrice/comédienne singulière, patine son style de film en film — Simple comme Sylvain est précédé par le remarqué La Femme de mon frère et le réjouissant Babysitter. Il y flotte un parfum seventies, les zooms y ont la part belle, ça pétille. Et puis il y a le fond : le manque de communication entre les êtres.
Au micro de l’interview minutée, Monia Chokri et Magalie Lépine-Blondeau, meilleures amies à l’écran et à la vie, reviennent sur des moments de tournage ; sur l’hommage au spectaculaire territoire nord-américain qui est le leur ; sur la notion de déplacement au cœur du film, et sur celle, un peu plus cachée, de la consommation. Monia Chokri dit aussi son plaisir de réalisatrice à utiliser le vocabulaire du cinéma : ces fameux zooms, les jeux de miroirs.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.