« C’était une des décisions les plus compliquées à appliquer avec justesse. Dès le début, Waad et moi étions d’accord sur le fait que nous devions montrer cette réalité, parce que, comme vous le dites, si vous ne montrez pas que des enfants ont été tués par ces bombardements du régime syrien, alors ce n’est pas possible de comprendre la réalité de toute cette histoire, ni la pression émotionnelle à laquelle Waad était confrontée. Donc nous avons senti qu’il était important d’inclure ces moments. Mais en choisissant ceux qui étaient les plus respectueux et les plus supportables pour le public. Pas trop explicites ou sanglants, mais à même de rendre compte de cette tragédie. »
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.