Dans un hôtel de villégiature un peu décrépit mais délicieusement fleuri, la bourgeoisie de l’entre-deux-guerres s’ennuie poliment — jusqu’à l’arrivée d’une troupe de saltimbanques. Marta (Judith Chemla), mal mariée au jaloux Charles (Denis Podalydès), profite alors d’un tour d’escamotage pour discrètement prendre la poudre d’escampette, laissant son époux furieux et le piètre magicien (Sergi López) bien embêté. Afin de rattraper le coup, celui-ci remet à Charles une petite boîte où est censée être enfermée Marta : s’il a confiance en elle, il peut ouvrir sans crainte, en revanche s’il a le moindre doute la concernant, elle disparaîtra à jamais…
La place du théâtre dans ce projet ; la collaboration musicale au long cours avec Feu ! Chatterton ; le rôle déterminant de son fils, Paolo Mattei ; les effets spéciaux fabriqués sur le plateau ; la question du vieillissement : Noémie Lvovsky, réalisatrice de La Grande magie, rebondit sur chaque proposition de l’interview minutée, corrigeant ici, se trompant là, citant avec plaisir des pans entiers du dialogue.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.