« Je trouvais ça drôle à l’écriture. Et là où c’est intéressant, c’est que dans la prise qu’on a gardée –il devait y avoir deux ou trois prises qui étaient bonnes du début à la fin –, à un moment donné le plan s’arrête. Je ne sais pas pourquoi, ils s’arrêtent de jouer, pendant une demie seconde ou une seconde, ou même deux secondes… Et quand on regarde bien le film, ce n’est plus du tout Alice et ce n’est plus du tout le maire : c’est vraiment Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini qui s’arrêtent de jouer. Un peu comme au tennis. Ils s’arrêtent, ils se mettent sur le banc de touche, ils s’essuient avec leur serviette. Et puis ils y retournent. Et on les voit y retourner. Et je trouvais ça très beau. »
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.