Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, archives de liesse dans les rues de France. Une représentation de la joie collective bientôt teintée de malaise devant ces femmes serrées de trop près, embrassées de force par les « libérateurs » ; et qui atteint l’écœurement total devant toutes celles tondues en public par de « bons citoyens », pour avoir fricoté avec l’ennemi. Madeleine (Anaïs Demoustier), enceinte jusqu’aux yeux, est de ces stigmatisées. Quelques années plus tard, on retrouve la jeune femme, mère célibataire, serveuse dans un restaurant en bord de mer. Là, elle rencontre François (Vincent Lacoste), jeune homme de bonne famille, passionné d’archéologie…
Fort de son ancrage historique, le film s’attelle à déployer un récit moderne qui prend le temps et l’espace nécessaire : nous suivons ainsi l’évolution de Madeleine, François et du petit Daniel (Hélios Karyo, puis Josse Capet, et enfin Paul Beaurepaire) sur plusieurs décennies, entrecoupées de grandes ellipses. Cette ampleur est l’un des charmes indéniable du Temps d’aimer.
Au micro de l’interview minutée, Katell Quillévéré évoque différents « temps d’aimer », et parmi ceux-ci, l’amour charnel : la réalisatrice explique en quoi il est si important de bien penser la question des scènes de sexe au cinéma ; elle développe par ailleurs son puissant attachement à l’émotion, qui reconnecte à l’humain.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.