Ruben Bellisha (Michael Zindel), que tout le monde appelle par son nom de famille, vit dans un immeuble populaire du 93, avec sa mère, Giselle (Agnès Jaoui). Elle est plus ou moins recluse ; il ne travaille pas, ce qui lui laisse le temps de faire les courses, cuisiner, flâner — et inventer des mensonges sur tout et n’importe quoi, pour apaiser sa maman. Car les Bellisha sont les derniers juifs de leur quartier, une situation qui inquiète Giselle…
Noé Debré, solide scénariste (Dheepan, Le Poulain, Problemos, etc.), signe avec Le Dernier des juifs son premier long-métrage, qu’il revendique modeste, à la dimension de ses tranquilles héros. Modeste, mais au cœur d’une triste actualité, qui voit l’antisémitisme reprendre ses aises en France. De cela, au micro de l’interview minutée, il est question, de manière assez périphérique, au détour notamment d’un sas de sécurité. Mais fondamentalement, évidemment, il s’agit de la colonne vertébrale du film, qui traite ce sujet dramatique avec le maximum de contrepoints comiques. Et une entêtante petite musique sautillante.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.