Mina (Lubna Azabal) et Halim (Saleh Bakri) tiennent une boutique traditionnelle de caftans, dans la médina de Salé, à Tanger. Elle conseille, vend et veille au grain ; il brode et rêve. Mina et Halim, mariés depuis longtemps, ont su préserver une immense part d’amour et de tendresse l’un pour l’autre. Mais est-ce suffisant ? L’arrivée d’un apprenti, Youssef (Ayoub Missioui), va faire bouger les lignes.
C’est d’abord un métier que l’on découvre, celui d’Halim, expert dans l’art d’ornementer les caftans. L’importance de ces splendides vêtements est, comme annoncé dans le titre, cruciale dans le film : le fameux caftan bleu sera présent du début à la fin, source de fierté, de brèves tensions, de passation, de consolation, d’affirmation. Et puis il y a ce couple si bienveillant ; et puis il y a cet apprenti si avide d’apprendre et de connaître.
À travers l’interview minutée, la réalisatrice du Bleu du caftan, Maryam Touzani, parle de ses personnages racontés par leurs gestes, d’un art en voie de disparition, de l’importance d’avoir une fenêtre ouverte sur le monde, de sensualité. De vie et de mort aussi ; et encore plus d’amour — pour sortir des carcans.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.