« L’espace est un personnage du film. Cet endroit où vit Simon participe de son étrangeté, de ce qui le rend attirant pour Coline. De son isolement et de l’angoisse, aussi, que cet isolement fait naître. Parce que la montagne, pour moi, est un élément un peu angoissant. Je pense toujours à la phrase de La chèvre de Monsieur Seguin — « La montagne devient violette » — quand le loup va faire son apparition… Et il y a des loups d’ailleurs dans les pâtures de Simon. Il y a même une série de peintures, un peu érotiques, qui tapisse le fond de son atelier, sur le thème du Petit Chaperon rouge. »
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.