À Alger, le quotidien d’Houria (Lyna Khoudri) s’articule entre ses répétitions de danse classique en vue d’une importante audition, son emploi temporaire de femme de chambre dans un hôtel, et des paris nocturnes, où elle rêve de gagner suffisamment pour offrir une voiture à sa mère (Rachida Brakni). Mais un soir de gain, un homme l’agresse violemment pour la voler : blessée, elle ne pourra plus devenir première étoile ; elle en perd aussi la parole. Résilience, reconstruction, opiniâtreté, sororité seront les voies que la jeune femme devra alors explorer.
Formant une sorte de diptyque avec Papicha, précédent long-métrage de Mounia Meddour, Houria creuse le même terreau : l’Algérie, son patrimoine, son histoire, et la place qu’y occupent, difficilement, les femmes émancipées. Répondant au principe aléatoire de l’interview minutée, la réalisatrice développe cette idée de morcellement, qui est aussi au cœur de son film : de l’emploi du temps éclaté de son héroïne à la façon dont elle a construit son récit et dont elle filme, par le détail, les corps en mouvement.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.