Palmarès et impressions du FEFFS 2024

Fréquentation exponentielle, retours enthousiastes, programmation foisonnante, invités d’exception : le FEFFS (Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg), qui soufflera l’an prochain ses 18 bougies, est un festival majeur depuis longtemps déjà. Moments choisis de la 17e édition (20-29 septembre 2024).

À l’annonce d’une rétrospective Ozploitation (cinéma d’exploitation australien), dévoilée, comme toujours, en même temps que le visuel de l’affiche qui en décline le thème, on aurait parié sur la présence de George Miller (saga Mad Max) en invité d’honneur. Que nenni. Mais on n’a pas perdu au change avec John McTiernan ! Pour mémoire, ce prolifique réalisateur de blockbusters a signé Predator, Last Action Hero ou encore le fameux Piège de cristal – séance en plein air de ce dernier, au pied de la Cathédrale de Strasbourg.

Autre nom prestigieux qui a fait palpiter le cœur des festivaliers : Kubrick, Katharina. La fille du légendaire cinéaste faisait partie du jury international, avec le réalisateur Nicolas Boukhrief et le directeur de la photographie Manu Dacosse. Tous trois se sont entendus pour remettre l’Octopus d’or à U Are the Universe et ses jolis clins d’œil à 2001, L’Odyssée de l’espace. Ce n’est évidemment pas le critère principal pour lequel il a été distingué. Pas plus que le fait qu’il soit le premier long métrage d’un jeune Ukrainien, Pavlo Ostrikov, pris dans les rets de la guerre, comme l’ont souligné les membres du jury Méliès, qui lui ont aussi décerné leur première place. L’inventivité de cette histoire d’amour entre les deux derniers survivants de l’humanité, chacun isolé dans un vaisseau spatial à la dérive, et filmé d’un seul point de vue, mérite amplement ce plébiscite !

Du côté de la compétition animation, on imagine que ça a du être beaucoup plus compliqué de trancher… Le jury a finalement arrêté son choix sur l’impeccable Mémoires d’un escargot d’Adam Elliot (déjà réalisateur du remarqué Mary et Max), après avoir hésité avec The Missing du Philippin Carl Joseph E. Papa. L’élégance avec lequel celui-ci traite les traumatismes liés à l’inceste nous aurait fait pencher pour lui… Mais vraiment, dans cette section, [presque] tout est à voir : Flow, Angelo dans la forêt mystérieuse, Spermageddon, Pig That Survived Foot-and-Mouth Disease… La plupart vont sortir en salle, à vos agendas !

D’ailleurs, puisqu’on en est à lancer des titres, et avant de conclure avec le primé de la compétition Crossovers, en voici quelques autres à guetter, toutes sections confondues : Else (un huis-clos organique, parfois drôle et toujours gracieux), Exhuma (carton mérité au box-office coréen), Oddity (film de trouille efficace en salle, quand les cris d’horreur se poursuivent en fou-rires), Dead Mail (le doux grain de la pellicule pour restituer les années 1980, une histoire simple assemblée de manière stimulante, un bel hommage aux services postaux), Sew Torn (ludique récit de choix multiples, avec une couturière aux étonnants talents grandeur nature)…

Et pour finir, donc, on laisse la parole à Fabrice du Welz, présent doublement cette année, avec La Passion selon Béatrice – un documentaire sur les traces de Pier Paolo Pasolini, porté par une Béatrice Dalle débordante d’émotions – et aussi Maldoror, ambitieuse fresque autour de l’affaire Dutroux, justement récompensée par le jury Crossovers. L’ami Fabrice, un habitué de l’interview minutée, s’est à nouveau prêté au jeu :

 

PS : Gros désaccord avec John McTiernan, lorsqu’il lance, en pleine master class, que ce serait tout de même mieux de passer par une intelligence artificielle pour avoir des traductions simultanées : les fabuleuses interprètes du festival depuis de longues années, Adèle Hattemer et Louise Bouchu, sont ir-rem-pla-ça-bles ! On a hâte de les retrouver, ainsi que tou.te.s celles/ceux (hourra les bénévoles) qui façonnent l’âme du FEFFS.