Bastien (Joseph Engel), bientôt 14 ans, vient en famille passer des vacances au bord d’un lac au Québec. Son petit frère et lui dorment dans la chambre de Chloé (Sarah Montpetit), belle et insolente jeune fille de 16 ans, qui décide de prendre Bastien sous son aile.
Avec une pointe d’accent québécois et une propension à passer du « tu » au « vous », Charlotte Le Bon, réalisatrice de Falcon Lake, réagit avec précision aux focus aléatoires de l’interview minutée. Elle s’insurge ainsi contre la mauvaise lecture d’une image et rectifie joyeusement ce que l’on pense être un clin d’œil à la bande dessinée dont elle s’est inspirée, Une sœur de Bastien Vives. Elle s’attarde également sur l’importance du son dans son film et sur celle de l’ambivalence des paysages québécois, qui lui ont permis d’installer de l’étrangeté autour de sa romance adolescente.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.