Aux premiers bourgeons du printemps, Célestine la souris trépigne d’impatience ; l’hibernation de son ami ours Ernest a plus que duré, il est temps de rejouer de la musique ensemble ! Las, une maladresse au sortir du lit endommage le violon d’Ernest et pour le réparer, il faut se rendre dans le pays natal du plantigrade, la Charabie. Or, cette contrée lointaine, régie de tout temps par des règles absurdes, en impose une nouvelle : la musique à plus d’une note y est désormais strictement interdite.
D’une règle absurde à l’autre : Julien Chheng, coréalisateur avec Jean-Christophe Roger d’Ernest & Célestine : le voyage en Charabie, s’est prêté de bonne grâce à celle de l’interview minutée. Par ce biais, il détaille l’architecture de la Charabie et revient sur le leitmotiv drolatique du film — « C’est comme ça et pas autrement » — qui questionne le bienfondé de l’obéissance aux règles imposées.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.