Émilie (Marion Barbeau), récemment montée de Lille à la capitale afin de poursuivre sa formation d’architecte, cherche ses marques au sein d’un petit groupe cultivant l’entre-soi et d’un niveau socio-économique plus élevé que le sien. Etudiante investie le jour, elle a, le soir venu, recours à une activité secrète pour subvenir à ses besoins. Une nuit, elle réalise qu’un drone l’observe à travers la fenêtre de son immeuble. Il ne la lâchera plus.
Vu du sol, vu du ciel ; images organiques contre images cliniques : l’envie formelle est puissante dans ce premier long métrage signé Simon Bouisson ! Au micro de l’interview minutée, lui et sa comédienne principale, Marion Barbeau, passent généreusement dans l’envers du décors. Un entretien enregistré un jour de gros orage, ce qui entre en résonance avec une des scènes pointée par le système. On relève le tapotement d’un phasme sur une vitre, Steven Spielberg est cité par deux fois, et il est évidemment question de la façon de bouger de Marion, par ailleurs danseuse – une évidence pour ce film si fort lié au corps.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.