L'interview minutée de Julien Colonna

Le Royaume

La Corse, mitant des années 1990. Au cœur de l’été, Lesia (Ghjuvanna Benedetti) profite pleinement de son adolescence, entre chasse en famille, premier amoureux plus ou moins secret, soirées festives et virées à la plage. Un jour cependant, la routine se rompt : on la mène auprès de son père (Saveriu Santucci) pour quelques jours de retrouvailles. On comprend bien vite que celui-ci vit en clandestinité, entourés de ses pairs, et que le point de bascule n’est pas loin.

Film pensé et organique à la fois, Le Royaume a mis des années à se concrétiser. En conséquence, son réalisateur, Julien Colonna, sait parfaitement en parler ! Au micro de l’interview minutée, il commence par la volonté formelle de ne rien souligner, puis mentionne des choix de mise en scène forts, avant d’évoquer l’univers taiseux de la voyoucratie et la place que s’y fraye cette jeune fille, portée par l’amour de son père  / l’amour pour son père. Libre arbitre, déterminisme ; poids de l’héritage… Autant d’obsessions qui irriguent Le Royaume.

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.