« C’est la vocation de ce plan : les réunir chacune dans des activités et dans des activités qui sont des déplacements pour chacune. C’est-à-dire que Eloïse, l’aristocrate, cuisine, la servante, assise, brode – la servante est aussi artiste, la broderie c’est un art qui a été souvent remisé à l’état d’artisanat, comme à peu près toutes les choses à travers lesquelles les femmes s’exprimaient… Et la peintre sert du vin. Elle sert du vin parce que ces femmes boivent, ces femmes fument. Ces femmes sont hors du temps. Il se trouve que l’endroit est à elles pour quelques jours, donc il n’y a pas de regard surplombant. L’autorité a quitté le lieu. Et se met en place une sororité : une sororité c’est certes de l’amitié, de la circulation entre ces femmes, mais aussi l’abolition d’une forme de hiérarchie de classe. Le film le raconte aussi. »
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.