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Jeanne (Judith Davis) et Elisa (Claire Dumas), amies pour la vie, collaboratrices aussi dans une petite structure qu’elles ont créée, se retrouvent à la campagne pour finaliser un projet. Mais Elisa, dont c’est, depuis son troisième enfant, le lieu de vie, est BEAUCOUP moins disponible que ne le prévoyait Jeanne-sans-attaches en arrivant. Une dispute éclate, à l’issue de laquelle les deux jeunes femmes cherchent, chacune de leur côté, réparation dans un tiers-lieu voisin, l’HP (pour Hospitalité Permanente).
S’il y a plusieurs façon de résumer Bonjour l’asile, le foisonnement du film met à mal l’exhaustivité sur cet exercice – alors, choix assumé : on tire le fil de l’amitié ! Parce que c’est tellement beau l’amitié. Mais on y trouve aussi : des questions sur le couple, l’éducation des enfants, le rouleau compresseur capitaliste et l’essentielle résistance des oppressés. Dans ce deuxième long-métrage, après Tout ce qu’il me reste de la révolution, Judith Davis examine et déconstruit divers systèmes de domination, auxquels elle oppose la force du collectif : sans angélisme, avec une bonne dose d’humour – y compris d’autodérision – et de l’espoir, malgré tout.
Au micro de l’interview minutée, la réalisatrice détaille un rituel inventé à partir de l’Art brut et des Maîtres fous de Jean Rouch ; elle relève l’importance du politique, ainsi que la nécessité de remettre en cause ce qui, dans nos sociétés, semble immuable et pourtant ne fonctionne pas. Elle fait, enfin, le vœux d’un futur (et d’un présent) digne. Nous faisons le même.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.