Février 1974, un an avant la loi Veil. Annie (Laure Calamy), ouvrière mariée et mère de deux enfants, pousse timidement la porte d’une librairie où elle espère trouver une solution à son problème — une grossesse non désirée. Elle y rencontre des militantes du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception), qui tiennent là une permanence.
Car, si l’avortement est encore illégal, le MLAC le sort résolument de la clandestinité et, grâce à une nouvelle méthode sûre, simple, rapide et quasi indolore, aide les femmes qui doivent y recourir. Avec en bonus de l’écoute, des conseils, toute la bienveillance du monde et de la tendresse. Que ça fait du bien à voir, à entendre !
À travers le personnage d’Annie, qui a tout à découvrir, le spectateur est accompagné dans ce parcours initiatique fourmillant d’informations, aussi bien politiques que techniques, sans jamais déplacer l’humain de son centre.
Blandine Lenoir, réalisatrice engagée d’Annie Colère, détaille, via l’interview minutée, certains points importants de son beau film, et en premier lieu, le fait de « rompre le silence imposé aux femmes depuis la nuit des temps ». Elle revendique l’hommage aux militant.e.s de l’époque et dit son intérêt pour les récits de lutte. Elle souligne aussi que le droit à l’avortement, c’est surtout le droit de la famille — être le nombre qu’on veut, qu’on peut assumer.
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.