

Armande Pigeon (fabuleuse María Cavalier-Bazan) prend de la place, fait du bruit et embrouille tout le monde sans jamais s’en excuser. Après tout, pourquoi les femmes devraient encore et toujours se faire discrètes, douces, compréhensives ? Armande, donc, navigue à vue à Bruxelles, où elle tente de se sortir de la mouise avec un panache infini, mais aussi une fâcheuse tendance à l’auto-sabotage.
A l’image de son héroïne, Aimer perdre est un film dont on se dit, au début, qu’il pique les yeux et fait mal aux oreilles. Cinq minutes et déjà quelques blagues bien senties plus tard, cela est entièrement porté à son crédit : on en veut plus du qui tâche ! Et puis sous la surface grossière (parfaite cohérence entre fond et forme), il y a une fine qualité d’écriture, une belle attention aux détails.
Au micro de l’interview minutée, les frères Guit, Harpo et Lenny, commencent par évoquer la musique d’Aimer perdre, avant d’enchaîner sur leur processus d’écriture qui fait la part belle au spectateur, tout en le malmenant malicieusement. La cacophonie est revendiquée ; l’esprit du cartoon invoqué ; une touche intello assumée… Côté envers du décors, on rencontre leur maman à la 42’ minute, car depuis qu’ils sont petits, ils admirent ses beaux cris. Enfin, les deux trublions incitent à mieux aimer les pigeons. Chiche ?
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.