L’échange fut impromptu, improvisé, à la sortie d’une projection de Landes (en salles le 31 juillet), le film de François-Xavier Vives, dont elle tient le rôle-phare avec prestance. Marie Gillain, rieuse et amusée, s’est pliée aux règles du jeu avec bonne humeur, intelligence et humour. En digne héritière de sa belge contrée.
D’abord, j’ai une mémoire de poisson rouge. Aussitôt que j’ai tourné le premier angle du bocal, j’ai oublié ce que j’ai vu ! Je vis dans le présent, sans obsession ni du passé, ni du futur. Je trouve que les voyages permettent de relativiser toute notion du temps. A Paris, le temps passe à une vitesse folle. C’est effrayant. Mais lorsqu’on est en voyage, ça nous sort de cette frénésie et ça fait un bien fou à l’esprit.
Oui. Plus précisément, après le tournage, j’ai fait un petit voyage toute seule dans le désert d’Atacama. Ça faisait une éternité que je n’étais pas partie seule, parce que ma vie de famille ne me le permettait pas. Là, je me suis retrouvée à contempler des paysages extravagants et extraordinaires, qui font relativiser beaucoup de choses.
J’ai un iPhone dans lequel je note mes rendez-vous et je programme mes petites alarmes et mes rappels. Je suis très nulle pour tout ce qui est entretien et réparation d’objets, ma montre est un peu trop large, ça fait sept ans que je dois aller la faire ajuster et ce n’est toujours pas fait !
J’ai été traumatisée par les boussoles lorsque j’étais scout dans mon enfance, parce que j’étais totalement nulle dans les épreuves d’orientation ! Mon chef scout m’avait mise au défi : j’étais la chef de ma patrouille et je devais guider la patrouille des « chamois » dans la forêt, avec une boussole ! Evidemment, nous nous sommes perdus, les parents ont dû venir… Ça m’est donc un peu resté…
Je suis assez accroc à la poussière.
Non ! Je veux dire que j’ai tendance à traquer la poussière dans tous les coins de mon appartement, après la venue de ma femme de ménage. Je repasse l’aspirateur derrière elle, ça me calme.
Heu… Attendez… Avec ma mémoire de poisson rouge, il faut le temps que ça monte à mon cerveau… Oui ! Mes polaroïds – de mes enfants et de mon mec – lorsque je pars en tournage. J’ai surtout des petits rituels : par exemple, je rapporte toujours du sable où que j’aille. Je suis censée le mettre dans des petites bouteilles en verre avec des étiquettes, mais comme j’ai la flemme, j’ai dans mes armoires vingt-cinq mille bocaux, voire des bouteilles en plastique remplies de sable dont j’ai oublié l’origine !
J’aime les petites matriochkas. C’est un peu kitsch, ça, non ?
J’ai une rangée de matriochkas de toute sorte. J’adore aussi les petites boîtes à prière qu’on trouve en Amérique du Sud. C’est super kitsch, ça ! C’est de l’artisanat fait avec des capsules de canettes, des rubans… Chaque saint a sa petite boîte avec sa couleur. J’aime aussi tout ce qui est fleuri. Et je fais des cadeaux très kitsch ! Pour le premier Noël que j’ai passé avec mon mec, je lui ai offert un chandelier sublime avec du feuillage et des petits oiseaux. J’aurais adoré recevoir ça. Lui, était atterré…
L’un et l’autre, par la force des choses ! Lève tôt, à cause de mes enfants. Couche tard, parce que la nuit, c’est le seul moment de liberté dans la vie de parents. Je ne suis pas une noctambule, mais j’ai découvert le silence de la nuit et j’adore !
C’est le syndrome du poisson rouge (!), j’ai l’impression que je ne rêve pas. Je suis rêveuse le jour, mais pas trop la nuit !
Ma sœur et ma mère dessinent, mais pas moi.
Oui, de façon ludique et improvisée avec des artistes comme Cali ou Martin Rappeneau. Sans aucune prétention. Ça m’éclate, en fait.
Get Lucky de Daft Punk. Je suis tombée dedans récemment.
Napoléonienne, bien sûr ! Je suis très bibelots !
Ni l’un, ni l’autre. C’est un peu un truc de garçon, Tintin. Comme je suis très fifille…
Gaston !
Pardon ?
Hein ?!
Ah !!
« Gottverdam », en flamand.
Comme j’ai une mémoire de poisson rouge, à chaque fois qu’on me demande, lors d’une interview, avec quel réalisateur j’aimerais travailler, je suis traversée par un trou noir terrible et ça me met dans une situation affreuse.
« Heu ».
Par Anne-Claire Cieutat et Fadette Drouard.