Elle a le nez en l’air dans Comme un avion de Bruno Podalydès (en salle le 10 juin). Les yeux au ciel, pour regarder passer les voyageurs. Dans la vraie vie, la comédienne circassienne est une terrienne amarrée, ancrée dans un bateau, sur un quai de Paris.
Je ne chante pas, je ne pleure pas. Je lave le ponton de mon bateau avec un balai-brosse.
Certains changent de maison ; en bateau, on change de décor, à travers les fenêtres. Mon bateau est petit et quand passent les bateaux-mouches,
il bouge, il ballotte.
Douce. Je peux naviguer jusqu’à Moscou avec mon bateau. Mais je ne suis jamais allée plus loin que Villeneuve-le-Roi.
Le ciel m’angoisse, la nuit avec ses étoiles. Je pense aux mots de Woody Allen : « La terre va disparaître, le soleil va s’éteindre, c’est tout ».
Je n’aime pas être en hauteur : je suis de la terre. Je ne me sens pas très bien en l’air. Dans l’eau non plus, je préfère être sur l’eau.
Non. Je porte des objets sur ma tête. Une fenêtre, un baby-foot, une tête de cheval empaillée. Je fais du strip-tease en même temps. Je joue avec le déséquilibre.
Je serais un très gros porteur avec des étages. Comme un paquebot dans le ciel, une ville volante, comme le sont ces immenses navires qui sont des villes flottantes. J’aime les trajets au long cours.
L’humour. C’est autre chose que d’être drôle ou rigolo. C’est un endroit en soi, qui recentre. Dans la relation à l’autre, l’amour et l’humour vont ensemble. Quand on perd l’un, on perd l’autre.
J’aime les grandes illusions, en particulier les femmes tronçonnées et découpées avec un grand sourire. Des atrocités souriantes. Ce que j’aime dans la magie, c’est l’imprévisible.
Ses mains.
Ce qui fascine, dans le cinéma, le cirque, la magie, c’est la technique qui rend tout possible. C’est l‘outil pour raconter. Il s’en sert comme d’un stylo, pour écrire des émotions, entre extrême délicatesse, sensibilité opaline et attentions très concrètes. J’aime ses odes aux petites choses, la façon dont il fait chanter le quotidien. C’est un poète.