L'interview azimutée : Jean-Jacques Annaud

Rencontre avec Jean-Jacques Annaud, réalisateur

C’est un homme d’un enthousiasme jamais restreint. Un réalisateur-aventurier, féru d’expériences extrêmes, de nouvelles technologies et de projets qui le conduisent aux quatre coins de la planète terre. À la faveur de la sortie de son nouveau film, Le Dernier Loup (en salle depuis le 25 février), Jean-Jacques Annaud s’est prêté au jeu de cette interview en mode zigzag, du coq à l’âne, aller et retour.


 

Avez-vous des musiques qui vous trottent dans la tête ?

Actuellement, c’est le Stabat Mater de Pergolèse. C’est le duetto d’ouverture. La raison ? C’est parce que c’est un disque vinyle que j’ai emporté en Afrique, lorsque j’étais envoyé là-bas pour enseigner le cinéma. J’ai écouté le Stabat Mater le premier week-end sur une colline qui dominait Yaoundé et j’ai entendu un tam-tam de forêt qui, d’une certaine manière, répondait à cette musique, qui montait vers moi et qui m’a fait comprendre que j’étais apte à comprendre les mélodies, mais pas le rythme. Ça a changé ma vie.

Interview azimutée de jean-Jacques Annaud : vinyl © Annick Holtz

Êtes-vous à l’aise face aux très grands tableaux ?

J’adore Aiwasowski, qui est un peintre des tempêtes que l’on voit au Musée National de Moscou. Il faut prendre un certain recul.

Interview azimutée de jean-Jacques Annaud tempête © Annick Holtz

Préférez-vous les petits ou grands carreaux ?

Je préfère les grands. Mais j’aime aussi les minuscules carreaux avec lesquels sont faites les très belles mosaïques libyennes, hellénistiques.

Aviez-vous peur du noir, enfant ?

Non, le noir permet le rêve.

Interview azimutée de jean-Jacques Annaud : ombres © Annick Holtz

Êtes-vous adepte de la rêverie éveillée ?

Oui, c’est mon métier.

Aimez-vous la promenade ?

Non, j’aime les repérages. La promenade inutile, sauf au bon fonctionnement des articulations et des artères, m’ennuie. J’adore, en revanche, faire de longues randonnées à la recherche d’un décor.

La mer ?

J’adore la regarder, à condition d’être sur le rivage.

Aimez-vous le mot « horizon » ?

Oui. J’adore voir disparaître les mâts des voiliers derrière la ligne d’horizon.

Interview azimutée de jean-Jacques Annaud : globe © Annick Holtz

Aimez-vous les phares ?

Je les adore d’autant plus lorsqu’ils sont gardés par un gardien.

Myope ?

Très légèrement de l’œil gauche.

Tintin ou Milou ?

Plutôt Milou, parce que mon petit chien lui ressemblait quand j’étais petit.

Y a-t-il un objet qui vous accompagne dans vos aventures ?

Un viseur. Ça s’appelle un Go No Scope.

Avez-vous l’esprit d’escalier ?

Pas vraiment.

Êtes-vous sensible à l’acoustique des musées ?

Je le suis quand il y a des foules bruyantes qui me détournent de la contemplation de ce que je viens y voir.

La dernière expo qui vous a bouleversé ?

Je suis retourné à la National Gallery à Londres, deux jours de suite : la collection permanente y est magnifique. Au musée de Rennes aussi, j’ai vu un Caillebotte rare et magnifique. Je peux rester devant un tableau, comme celui-là, longuement, comme je peux aussi visiter un musée à toute vitesse.

Comme dans Bande à part de Godard ?!

Oui, bien sûr ! Il ne faut pas être à genou devant la culture. Il faut la consommer de manière libre. Je passe très souvent devant de très grandes toiles très rapidement. D’une manière générale, dès que j’ai une minute dans une ville, je visite les musées quels qu’ils soient : musée de la broderie, du tire-bouchon, du papier peint… tout me convient.

Interview azimutée de jean-Jacques Annaud : bande à part godard

Quel est votre rapport aux textos ?

Je déplore ces textos qui partent tout seuls, que je n’ai pas finis, avec des fautes d’orthographe, car la correction automatique m’exaspère. J’adorais l’époque du Blackberry, mais je suis maintenant sur iPhone et j’ai un rapport aux textos, comme tout le monde, c’est-à-dire que j’en envoie et en reçois un nombre considérable par jour.

Étiez-vous doué en maths à l’école ?

J’étais bon en maths jusqu’à la « math élém », où j’ai été mauvais.

Interview azimutée de jean-Jacques Annaud : maths © Annick Holtz

Aimez-vous chanter ?

J’aime bien, mais j’ai commencé dans la vie dans les bras d’une cantatrice, et comme elle chantait beaucoup mieux que moi, je préférais l’écouter que de gêner ses solos.

Aimez-vous votre voix parlée ?

Non, pas trop, comme tout le monde, parce que la voix que j’entends de l’intérieur est plus grave que celle que j’entends en reproduction. Mais ça m’est égal, car je ne suis pas dans le métier de la voix. Je suis ni présentateur radiophonique, ni acteur.

Sur un plateau, dites-vous « Action ! » et « Coupez ! » ?

Oui, je dis « Action ! » and « Cut ! ».

Un pays où vous auriez envie d’immigrer ?

À peu près tous les pays du monde. J’éviterais évidemment les pays en guerre, mais il y a beaucoup de lieux où je me sens bien.

Êtes-vous un homme patient ?

Oui.

Interview azimutée de jean-Jacques Annaud : sablier © Annick Holtz

Le plat de votre enfance ?

La soupe au lait faite avec de la Blédine Jacquemaire.

Un son qui vous émeut ?

Le hurlement des loups !

Interview azimutée de jean-Jacques Annaud : loup © Annick Holtz

Aimez-vous les avions ?

J’adore ! J’aime le Potez 225, biplan, avec lequel j’ai tourné Les Ailes du courage. Mais j’aime aussi beaucoup l’A380.

Aimez-vous Jean Renoir ?

C’est ma figure légendaire.

Interview azimutée de jean-Jacques Annaud : renoir badge © Annick Holtz

Le Fleuve ?

Non, La Grande Illusion.

Aimez-vous la magie ?

C’est mon métier.