L'interview azimutée : Jean-Jacques Annaud
Rencontre avec Jean-Jacques Annaud, réalisateur
C’est un homme d’un enthousiasme jamais restreint. Un réalisateur-aventurier, féru d’expériences extrêmes, de nouvelles technologies et de projets qui le conduisent aux quatre coins de la planète terre. À la faveur de la sortie de son nouveau film, Le Dernier Loup (en salle depuis le 25 février), Jean-Jacques Annaud s’est prêté au jeu de cette interview en mode zigzag, du coq à l’âne, aller et retour.
Actuellement, c’est le Stabat Mater de Pergolèse. C’est le duetto d’ouverture. La raison ? C’est parce que c’est un disque vinyle que j’ai emporté en Afrique, lorsque j’étais envoyé là-bas pour enseigner le cinéma. J’ai écouté le Stabat Mater le premier week-end sur une colline qui dominait Yaoundé et j’ai entendu un tam-tam de forêt qui, d’une certaine manière, répondait à cette musique, qui montait vers moi et qui m’a fait comprendre que j’étais apte à comprendre les mélodies, mais pas le rythme. Ça a changé ma vie.
J’adore Aiwasowski, qui est un peintre des tempêtes que l’on voit au Musée National de Moscou. Il faut prendre un certain recul.
Je préfère les grands. Mais j’aime aussi les minuscules carreaux avec lesquels sont faites les très belles mosaïques libyennes, hellénistiques.
Non, le noir permet le rêve.
Oui, c’est mon métier.
Non, j’aime les repérages. La promenade inutile, sauf au bon fonctionnement des articulations et des artères, m’ennuie. J’adore, en revanche, faire de longues randonnées à la recherche d’un décor.
J’adore la regarder, à condition d’être sur le rivage.
Oui. J’adore voir disparaître les mâts des voiliers derrière la ligne d’horizon.
Je les adore d’autant plus lorsqu’ils sont gardés par un gardien.
Très légèrement de l’œil gauche.
Plutôt Milou, parce que mon petit chien lui ressemblait quand j’étais petit.
Un viseur. Ça s’appelle un Go No Scope.
Pas vraiment.
Je le suis quand il y a des foules bruyantes qui me détournent de la contemplation de ce que je viens y voir.
Je suis retourné à la National Gallery à Londres, deux jours de suite : la collection permanente y est magnifique. Au musée de Rennes aussi, j’ai vu un Caillebotte rare et magnifique. Je peux rester devant un tableau, comme celui-là, longuement, comme je peux aussi visiter un musée à toute vitesse.
Oui, bien sûr ! Il ne faut pas être à genou devant la culture. Il faut la consommer de manière libre. Je passe très souvent devant de très grandes toiles très rapidement. D’une manière générale, dès que j’ai une minute dans une ville, je visite les musées quels qu’ils soient : musée de la broderie, du tire-bouchon, du papier peint… tout me convient.
Je déplore ces textos qui partent tout seuls, que je n’ai pas finis, avec des fautes d’orthographe, car la correction automatique m’exaspère. J’adorais l’époque du Blackberry, mais je suis maintenant sur iPhone et j’ai un rapport aux textos, comme tout le monde, c’est-à-dire que j’en envoie et en reçois un nombre considérable par jour.
J’étais bon en maths jusqu’à la « math élém », où j’ai été mauvais.
J’aime bien, mais j’ai commencé dans la vie dans les bras d’une cantatrice, et comme elle chantait beaucoup mieux que moi, je préférais l’écouter que de gêner ses solos.
Non, pas trop, comme tout le monde, parce que la voix que j’entends de l’intérieur est plus grave que celle que j’entends en reproduction. Mais ça m’est égal, car je ne suis pas dans le métier de la voix. Je suis ni présentateur radiophonique, ni acteur.
Oui, je dis « Action ! » and « Cut ! ».
À peu près tous les pays du monde. J’éviterais évidemment les pays en guerre, mais il y a beaucoup de lieux où je me sens bien.
Oui.
La soupe au lait faite avec de la Blédine Jacquemaire.
Le hurlement des loups !
J’adore ! J’aime le Potez 225, biplan, avec lequel j’ai tourné Les Ailes du courage. Mais j’aime aussi beaucoup l’A380.
C’est ma figure légendaire.
Non, La Grande Illusion.
C’est mon métier.