Elle promène sa voix grave et ses grands yeux rêveurs depuis ses débuts au cinéma où elle jouait, enfant, aux côtés de sa mère, Isabelle Huppert. Depuis, Lolita Chammah a trouvé sa note juste, entre drame et burlesque – dans Les Bureaux de Dieu, Copacabana et le très émouvant Memory Lane. Dans Gaby Baby Doll de Sophie Letourneur (en salle le 17 décembre), elle incarne une jeune fille criblée d’angoisses, qui a peur de dormir seule. À la campagne, Gaby tente de contrarier sa nature et croise le chemin de Nicolas (Benjamin Biolay). Rencontre avec cette actrice pétillante et sensible.
J’avais déjà chanté il y a quelques années, mais c’était moins excitant qu’avec Benjamin Biolay. Il a eu l’idée qu’on fasse un duo chanté pour le film deux jours avant la fin du mixage. C’était très spontané, il a écrit le texte à vue, on a enregistré en quatre heures dans son studio à Bruxelles. J’aime bien chanter, même si j’ai peur.
Entendre sa voix, c’est parfois plus dur que de se voir à l’image. C’est très intime, c’est l’âme. C’est assez troublant. Je crois que j’ai une voix grave et assez particulière. Quand je chantais devant Benjamin Biolay, j’avais peur qu’il se dise : elle a une voix horrible. Bon, il ne m’a pas dit ça.
Pas trop. J’aime bien dormir seule, par contre. C’est pas que je déteste, mais je préfère être avec des gens. J’aime bien être protégée. J’aime bien les câlins.
Comme Gaby, c’est un chemin d’aller vers la promenade. Cela dit, j’ai un peu changé là-dessus. Maintenant, j’aime bien marcher dans la nature ; après, je suis assez paresseuse, je crois, donc marcher longtemps, très peu pour moi.
Du tout. Je ne sais pas lire un plan.
J’en ai plein. On peut même dire que je suis complètement phobique. Je suis claustrophobe, j’ai peur de l’avion. Je suis phobique au quotidien. Dans un hôtel, je ne peux pas prendre l’ascenseur toute seule par exemple.
Depuis que j’ai un enfant, je dors. Avant, je me couchais très tard pour fuir le sommeil, je regardais des films, je sortais. Je restais éveillée très longtemps. Les enfants, comme Gaby, ont peur de la nuit tombante, mais moi j’aime bien être dehors la nuit, il y a moins de monde dans la rue, moins de bruit. C’est apaisant.
J’aime bien dormir, je suis une grosse dormeuse comme Gaby.
Ville, parce que je suis née et que je vis dans une ville. Je ne sais pas si c’est l’effet du film, pas seulement, mais j’ai de plus en plus besoin d’aller dans la nature, de prendre l’air. Paris, c’est très dur, très étouffant au bout d’un moment.
J’aime bien toutes les saisons, mais l’automne, c’est la saison la plus émouvante esthétiquement.
Je marche plutôt à talons, pour être plus grande que ce que je suis.
Je n’ai pas trop de modèles. J’adore Kate Winslet. Comme tout le monde, j’aime Marilyn Monroe. J’ai découvert ses très beaux textes, Fragments, que j’ai joués l’année dernière. J’aimais ce qu’elle dégageait, mais avec ses textes, je me suis mise à aimer ce qu’elle était.
Hyper traqueuse. Ça ne se voit pas forcément. Quand je jouais au théâtre c’était horrible. J’ai peur de décevoir, de ne pas être intéressante, d’être transparente. C’est une préoccupation narcissique des acteurs, au fond. Dans la vie aussi, je suis traqueuse.
Dans le film de Sophie Letourneur, je ne me reposais pas. On était dans le travail tout le temps. Entre les prises, on attend au cinéma. Sur le film de Sophie, je n’attendais jamais. On ne peut pas trop se concentrer sur autre chose quand on joue, c’est difficile. On est dans un ennui agréable. On révise son texte, on fume une cigarette.
Au début du tournage, j’avais peur des chiens. Je n’étais pas à l’aise, ça se voyait bien que je n’avais pas eu de chien. Dans L’Intrus de Claire Denis, je jouais une fille à chiens, c’était dur. Benji, le chien du film, était gentil, je me suis habituée à lui.
Très ! J’ai besoin de parler. Quand Gaby dit : « J’aimerais que l’on discute encore », j’aime bien cette phrase. Cette phrase, c’est tout à fait moi.
Même si on change quand on a un enfant, je pense que je suis très enfantine dans mon rapport à l’existence et dans mon rapport aux gens. Je n’ai pas peur de dormir toute seule comme Gaby, mais je ne me sens pas du tout adulte. Je fais semblant de l’être, parce que des fois, pour la représentation, il faut être une adulte, mais je me sens très petite. La notion d’adulte, de responsabilité reste très complexe pour moi.