Dans Bird People de Pascale Ferran (sélectionné à Cannes dans la section Un Certain Regard et en salle depuis le 4 juin), elle est une femme de chambre d’un grand hôtel en bordure d’aéroport, au pas léger et au doux regard rêveur. Ce mois-ci, Anaïs Demoustier apparaît également au casting de deux autres films : La Ritournelle de Marc Fitoussi (11 juin) et Au fil d’Ariane de Robert Guédiguian (18 juin). Rencontre en zigzag avec cette ravissante actrice, travailleuse, vive et précise.
Les chaussures jouent beaucoup dans l’assise d’un rôle. Dans Bird People, je porte des chaussures plates et c’est important pour le personnage. Comme il y a une histoire d’envol dans le film, comme c’est une fille perdue dans ses pensées et qui a l’esprit vagabond, je trouvais ça bien que la silhouette soit bien ancrée au sol.
J’adore ! Quand on est au festival de Cannes, notamment, j’ai vraiment l’impression de jouer à me déguiser. On se travestit tout le temps quand on joue, en fait.
Non, jamais. C’est la toute première fois. Jouer en uniforme, c’est passionnant. Ça permet de s’absenter, de s’extraire. Dès qu’on porte un uniforme, on est comme transparent vis-à-vis des autres gens. J’ai fait un stage de femme de chambre pour Bird People pendant une semaine et j’ai vraiment ressenti ça : je croisais des gens dans le couloir qui ne me voyaient pas.
Oui. Je suis surtout contemplative. Je passe des heures à regarder les gens, à imaginer qui ils sont, comment ils vivent. Les acteurs sont des gens qui se nourrissent beaucoup des autres et de la nature humaine. J’ai cette curiosité.
Non. Il m’arrive d’écouter de la musique. Dans un film, il y a le scénario, le réalisateur, le rôle, mais il y a aussi plein de choses qui sont entre les lignes, qui sont en lien avec l’atmosphère du film, son rythme, et souvent, j’aime bien avoir avec moi des chansons qui font écho à ça. Sur Bird People, j’ai beaucoup écouté le dernier album de Feist et des chansons vaporeuses, planantes.
Pas du tout ! Nulle, je suis complètement nulle en dessin ! Je ne dessine pas, je ne cuisine pas, je n’écris pas.
Oui ! En fait, je ne suis pas en mesure d’être à l’initiative d’un projet. Je crois que je suis une pure interprète et dans la musique, comme dans le jeu, j’aime beaucoup être vecteur d’une parole, être traversée par l’univers de quelqu’un. C’est pour ça que j’adore chanter, car c’est vraiment être traversée physiquement par une mélodie et par un texte.
Je chantais dans la pièce de Christophe Honoré, Nouveau Roman, où je jouais Marguerite Duras. Je chantais India Song, une chanson magnifique qui avait été interprétée par Jeanne Moreau. Et je chante Je suis femme de Nicole Croisille dans le film de François Ozon que je viens de tourner. J’adore chanter des textes français.
J’étais très excitée. J’avais la sensation de participer à un grand film, à quelque chose qui allait avoir de la gueule. C’est la première fois que je me sentais vraiment à ma place. Quand j’ai lu le scénario et passé le casting, j’étais complètement appelée par le personnage. Il fallait que ce soit moi !
Le vol. Partir très loin, très vite, sans crier gare.
Le ciel.
J’adore me promener dans la campagne, même si j’ai rarement l’occasion de le faire.
Pas du tout. Je suis catastrophique, complètement nulle. Je sais que si mon instinct me dit d’aller à droite, il faut que j’aille à gauche.
Pas trop. Je n’ai jamais eu de chien ou de chat. Les animaux, ce n’est pas trop mon truc.
Oui, sans faire dans l’Actors Studio, ça peut me nourrir pour une énergie ou une posture. Pour Bird People, j’ai pas mal observé les moineaux.
Je ne le pensais pas jusqu’ici, mais quand j’ai vu le film de François Ozon, j’ai constaté que oui. Elle est plus grave dans le film où je joue une femme un peu plus âgée que moi. Notre nature transparaît vraiment dans notre voix. C’est passionnant. Là, je suis fatiguée, j’ai une voix pourrie, par exemple ! Dans Deux jours, une nuit des frères Dardenne, Marion Cotillard a une couleur de voix intéressante, par exemple, ça m’a marquée.
Les avions qui décollent. Je suis toujours fascinée par l’idée qu’on l’entende, alors qu’ils sont si loin.
Oui, beaucoup. Surtout au théâtre, mais au cinéma aussi.
Jouer. Se lancer.
Subtilité.